Pourquoi le transhumanisme ?

Il devient de plus en plus clair que le transhumanisme est possible. Mais pour quelles raisons peut-on le considérer comme souhaitable ?

Publié le 27 octobre 2016, par dans « Homme augmentétranshumanisme »

Cet article fait partie d’un livre sur le transhumanisme. Pour en savoir plus, cliquez ici.

 

En tant qu’animaux complexes, nous nous posons la question du sens de notre existence.

Pour les partisans de l’approche scientifique (dont je fais partie), nous sommes vraisemblablement le résultat d’un long processus de sélection naturelle aveugle. Auquel cas, notre existence est un simple phénomène biologique surgi du hasard, sans but prédéterminé.

D’autres pensent que cette évolution a été guidée par la « main de Dieu », ou que nous avons été créés ainsi par une intelligence supérieure. Mais cela ne nous renseigne pas davantage sur le but de notre existence terrestre ! Il y a de nombreuses spéculations métaphysiques à ce propos, mais au final, les religions sont loin d’être d’accord entre elles. « Les voies de Dieu sont impénétrables », dit-on.

A vrai dire, quand bien même nous aurions un but prédéterminé (ce que je ne pense pas), ou pourrait s’interroger sur la pertinence de se soumettre à ce but. La question du sens de notre existence reste largement ouverte.

Toutefois, si notre existence n’a pas de but clair, elle n’est pas pour autant dépourvue d’intérêt. La plupart des humains considèrent qu’il vaut mieux être vivant que mort ! Nous avons d’innombrables occasions de « faire l’expérience de la vie » : penser, concevoir, ressentir, apprendre, découvrir, créer, aimer…

Nous pouvons penser le monde, ressentir des émotions complexes, découvrir ou créer des œuvres d’art, nouer des relations avec nos semblables, expérimenter de nouvelles choses, développer de nouveaux talents, concevoir des idées scientifiques, philosopher, voyager, jouer… Les possibilités sont virtuellement infinies.

Cependant, notre expérience de vie est conditionnée par nos limites biologiques. La plupart s’accorderont à dire qu’une mouche ne peut produire de pensée ou d’émotions très complexes. De la même manière, nous sommes limités sur ce plan par la taille de notre cerveau et par notre nombre de connexions neuronales. La quantité de choses que nous pouvons apprendre, créer, expérimenter… est également limitée par notre espérance de vie, qui est aujourd’hui d’environ 80 ans. Il en va de même pour la finesse de nos perceptions, notre capacité à communiquer des idées complexes (contraintes par les limites de notre langage) et ainsi de suite.

 

On peut donc se demander : pourquoi ne pas chercher à dépasser ces limites biologiques, afin d’augmenter notre « expérience de vie » au sens large ? En tant qu’individu, mais aussi en tant qu’espèce.

De nombreuses objections viennent instinctivement à l’esprit : ce n’est pas naturel, c’est jouer au savant fou, c’est se prendre pour Dieu, c’est mettre en péril notre humanité… Je tenterai d’y répondre dans la partie 4 de ce livre (« Réponses aux objections »).

Mais pour le moment, considérons simplement ce que cela pourrait nous apporter.

En termes d’expérience de vie, déjà : nous pourrions sans cesse vivre, concevoir, expérimenter, ressentir… davantage, développer sans cesse ce qui fait l’intérêt de vivre.

Ou bien en termes d’harmonie sociale : plus de confort, de santé, de solidarité…

Ou bien en termes d’extension de nos possibilités et de nos libertés : toujours plus de façons d’apprendre, de créer, d’imaginer, toujours plus de choses à découvrir…

Mais cela pourrait également être une réponse à la quête de sens dont nous avons parlé plus haut. Pas une réponse unique, dogmatique, se faisant à l’exclusion de toutes les autres ! Chacun donne du sens à sa vie à sa manière. Mais considérons la question suivante : où pouvons-nous aller en tant qu’espèce ?

Nous pourrions reproduire le même mode de vie pour des siècles et des siècles, comme le préconisaient les cultures traditionnelles. Cependant, ne serait-ce pas sacrifier tout le potentiel de l’humanité ? Cela reviendrait à considérer que l’humain, tel qu’il est actuellement, est tellement parfait et abouti qu’il ne saurait souffrir aucune évolution ! De ce point de vue, les bioconservateurs sont beaucoup plus arrogants que les transhumanistes, qui eux voient l’humanité comme étant « en perpétuel devenir ».

Un beau jour, l’humanité aura peut-être tellement évolué qu’en comparaison, l’humain d’aujourd’hui semblera bien simple, primitif et limité dans son expérience de vie ! Et il n’y a pas de raison pour que cette évolution s’arrête.

Pourquoi le transhumanisme, donc ?

Parce qu’à l’échelle individuelle, il permet de développer sans cesse nos « possibilités d’exister ». Et parce qu’à l’échelle collective, il propose une direction à l’humanité : celle d’une évolution permanente, une quête exaltante visant à « devenir sans cesse plus ».

 

Tout cela est-il bien sérieux ? Au siècle dernier, on aurait pu en douter, et qualifier tout cela de science-fiction. Cependant, aujourd’hui, le rythme des découvertes scientifiques ne cesse de s’accélérer, si bien que plus rien ne semble impossible sur le long terme.

Le but de ce livre n’est pas de convaincre le lecteur que tous ces progrès sont envisageables. De nombreux livres l’ont déjà fait de façon plus ou moins exhaustive. Aujourd’hui, les médias se chargent de cela, et écarter ces possibilités technologiques relève de plus en plus du déni.

Le but de ce livre est de convaincre le lecteur que ces progrès peuvent, sous certaines conditions, être souhaitables.

Il ne s’agit pas de faire preuve d’un optimisme béat face au progrès technologique, pas plus que de se murer dans une paranoïa technophobe. Il ne faut pas nier les éventuels risques de dérives (inhérents à toute technologie), mais les prendre en compte afin de tirer le meilleur parti des avancées à venir. Il ne s’agit pas non plus d’imposer un modèle d’évolution unique à l’humanité : il est essentiel de respecter ceux qui, pour des raisons personnelles, ne souhaiteraient pas bénéficier de ces évolutions.

Ces possibilités existent, tout simplement. Que voulons-nous en faire ? A nous d’en décider. Pour ma part, je présente la vision à laquelle j’adhère dans la partie 3 (« Quel transhumanisme ? »).

Mais tout cela peut sembler un peu abstrait pour le moment. Dans la partie suivante, je développe plus en détail les divers aspects du transhumanisme. Que peut nous apporter chacun de ces aspects ?

 

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Porte-parole et vice-président de l'Association Française Transhumaniste. Pour accéder à ma page perso (articles, chaîne YouTube, livre...), ou pour me contacter par e-mail, cliquez ici.