Nous sommes des humains augmentés… depuis des siècles !
Et si le concept d'humain augmenté était beaucoup plus ancien que nous ne le pensions ?
Publié le 29 septembre 2016, par dans « Homme augmenté »
L’idée d’humain « augmenté » suscite des peurs chez certains, qui affirment que cela remet en cause notre identité humaine.
Cependant, à partir de quel moment pouvons-nous dire que nous sommes « augmentés » ? Ne le sommes-nous pas déjà ? Et nul besoin de songer aux derniers accessoires technologiques : cela remonte très loin dans notre histoire !
On peut considérer que le transhumanisme commence avec le premier pré-humain préhistorique qui s’est saisi d’un bâton. Par ce geste élémentaire, il se constitue une prothèse de bras qui lui permet de chasser plus efficacement. Il s’est ensuite créé une prothèse de peau en se couvrant de peaux de bêtes pour se protéger du froid.
En inventant l’écriture, en stockant des informations sur des tablettes d’argile (et plus tard des livres), l’humain s’est doté d’une prothèse de mémoire. Il peut ainsi emmagasiner une quantité d’informations importante (par exemple des livres de comptes), qu’il ne pourrait mémoriser sans erreurs avec sa mémoire naturelle.
En fabricant des véhicules (de la charrette au vélo et à l’automobile…), il se dote de prothèses de jambes qui lui permettent de se déplacer beaucoup plus rapidement. Avec le téléphone, il invente une prothèse de voix qui lui permet de se faire entendre, non plus à quelques mètres, mais à plusieurs milliers de kilomètres de distance.
Enfin, en découvrant le vaccin, il s’augmente biologiquement : un humain immunisé contre la rage ou le tétanos est « augmenté » par rapport à un humain qui ne possède pas cette immunité. Le cas du vaccin est intéressant, car il s’agit d’une augmentation totalement intégrée à notre corps… et, pour certains vaccins, définitive ! Contrairement aux exemples précédents, c’est cette dimension d’intégration au corps qui effraye certains. Pourtant, dans le cas des vaccins usuels, cela est largement accepté de nos jours : plus de 70% de la population mondiale est aujourd’hui concernée par au moins un vaccin.
Aujourd’hui, avec nos smartphones et ordinateurs, nous avons de véritables « organes artificiels » qui nous accompagnent au quotidien. Certes, il ne font pas partie de notre corps, mais cela change-t-il grand chose en termes de fonctionnalité ? Il y a toujours une symbiose entre l’humain et sa technologie. Nous craignons que cette technologie nous dépossède de notre identité. Pourtant, si l’on nous confisquait les augmentations listées plus haut (vêtements, écriture, outils…), nous nous sentirions d’un coup très « diminués », et dépossédés de notre identité !
Si nous prenons un peu de recul, nous comprenons que notre identité n’est pas quelque chose de fixe : elle co-évolue en symbiose avec les technologies que nous créons au fil des siècles. Nos contemporains auraient sans doute beaucoup plus d’affinités avec l’homme augmenté d’un futur proche qu’avec un homme des cavernes !
Il est tentant de voir l’humain augmenté comme un changement de paradigme radical (et donc inquiétant). Mais cette notion d’augmentation est en fait beaucoup plus ancienne. Elle est même constitutive de la nature humaine : ce qui nous différencie des animaux, n’est-ce pas précisément cette grande capacité à nous « augmenter » par la technique, aussi rudimentaire soit-elle ?
Le changement est souvent instinctivement perçu comme une menace à notre identité. Et si notre « identité humaine », notre nature profonde, c’était précisément de changer ?
Tweeter