Annulation de conférence suite à des pressions

Ce dimanche 28 février, Didier Coeurnelle (vice-président de l'AFT Technoprog) était invité à effectuer une intervention au salon Primevère de Lyon, sur le thème "Technoprogressisme et dignité humaine". Cette intervention a été annulée en dernière minute, en raison de pressions effectuées sur les organisateurs et les intervenants.

Publié le 28 février 2016, par dans « Question sociale »

Ce dimanche 28 février, Didier Coeurnelle (vice-président de l’AFT Technoprog) était invité à effectuer une intervention au salon Primevère de Lyon, sur le thème « Technoprogressisme et dignité humaine ». Cette intervention a été annulée en dernière minute, en raison de pressions effectuées sur les organisateurs et les intervenants. En cause : plusieurs associations, avec à leur tête Pièces et Main d’Oeuvre (PMO).

 

 

 

Voici la lettre ouverte qu’ils ont adressé aux organisateurs et intervenants du salon :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=800

Et leur communiqué de victoire suite à l’annulation :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=807

Enfin, confirmation d’annulation sur le site de Primevère :
http://salonprimevere.org/page/annulation_conference

Il nous semble donc important de répondre à cette lettre ouverte, et de commenter leur démarche.

 

Tout d’abord, pour contextualiser, PMO est une association qui se revendique ouvertement « luddite ». Le luddisme prend son origine dans un mouvement destiné à « briser les machines », de peur qu’elles ne remplacent les ouvriers. Nous sommes sensibles aux luttes sociales, mais nous jugeons beaucoup plus intelligent de se « réapproprier » ces outils d’automatisation pour délivrer l’homme du travail besogneux ; plutôt que de les détruire et de continuer à astreindre des humains à des tâches répétitives et aliénantes. L’approche luddite nous semble donc très peu constructive, et dépourvue de vision sur le long terme.

PMO qualifie Didier Coeurnelle de « personnage aigre et retors ». Affirmation gratuite, et très surprenante de la part d’un mouvement dont l' »aigreur » semble être la composante principale. Nous invitons à jeter un oeil à leur site pour s’en rendre compte en quelques instants.

PMO reproche aux transhumanistes de « fabriquer » des êtres « délivrés de la maladie et de la mort, de la faiblesse et de la faillibilité ». En réalité, nous aimons simplement la vie et ses possibilités, et défendons l’idée d’en jouir le plus longtemps possible en pleine possession de ses moyens. Les maladies liées à l’âge tels que les cancers où Alzheimer embellissent-elles la vie ? Nous en doutons, et les personnes qui en souffrent s’en passeraient bien volontiers. De plus, rappelons qu’à l’état naturel, presque aucun humain ne dépasse 50 ans : faut-il donc condamner l’existence de personnes de plus de 50 ans ? On voit rapidement les limites de cette façon de penser.

Ils cèdent ensuite à la triste facilité de nous comparer aux « nazis », sous prétexte que nous défendons la lutte contre le vieillissement et les maladies génétiques graves. Dans l’imaginaire collectif, cette comparaison suggère un projet coercitif et centralisé de création d’une armée de « clones » aryens au regard vide. Or, nous parlons ici d’un prolongement du combat médical pour repousser la mort, et du choix de parents d’avoir des enfants en bonne santé. L’analogie est donc parfaitement ridicule.

PMO prête à Didier Coeurnelle l’intention de tenir un double discours à ce salon : présenter un transhumanisme « bon enfant » pour masquer un projet plus sombre et machiavélique. Ces affirmations sont sans fondement : Didier Coeurnelle est, de longue date, un militant du mouvement progressiste et écologiste, et le propos de ses interventions transhumanistes est constant, quel que soit le lieu. Nous pensons que le transhumanisme n’a rien d’incompatible avec l’écologie, voire même avec une certaine forme de décroissance.

La forme initialement prévue était celle d’un débat « pour/contre », donnant un temps de parole égal aux critiques du transhumanisme. Hélas, PMO ne veut pas de ce débat : « le seul débat qui vaille, c’est comment combattre le transhumanisme », disent-ils. Nous sommes tout à fait prêts à écouter leurs arguments (nous avions d’ailleurs invité de nombreux orateurs « anti » à la conférence TransVision 2014, dans le souci d’un débat démocratique). L’ouverture d’esprit n’est malheureusement pas réciproque.

Les acteurs de PMO se qualifient de « chimpanzés du futur », en référence au sort supposé des humains non-augmentés. Il semble hélas que PMO prenne cette expression au premier degré, en reproduisant le comportement du chimpanzé (bien moins pacifique que le bonobo): crier et saccager, au mépris du débat d’idée et de la réflexion. Nous déplorons cette attitude. Faute de pouvoir débattre, nous les invitons à être cohérent avec leur luddisme, et à cesser d’utiliser la « machine » Internet.