CRIPSR contre le VIH en Afrique ?

Pourquoi faut-il encourager la technologie CRISPR contre le VIH en Afrique ?

Publié le 6 janvier 2019, par dans « transhumanisme »

Un article d’Armand Ngaketcha, représentant de l’association au Cameroun.

Pourquoi faut-il encourager la technologie CRISPR contre le VIH en Afrique ?

Le chercheur chinois He Jiankui a annoncé, le 27 novembre 2018, avoir procédé à la modification génétique d’embryons via la technologie CRISPR, qui aurait permis la mise au monde pour la première fois, de bébés[1] pouvant être immunisés génétiquement, c’est-à-dire définitivement, contre le VIH.

Cette nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde des biotechnologies et révèle les enjeux bioéthiques de la médecine du XXIème siècle.

Il faut noter que le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) est une infection virale extrêmement dangereuse, irréversible, limitant radicalement les fonctions immunitaires et physiologiques de l’organisme humain. Ce virus qui a donné son nom à la maladie du SIDA (syndrome d’immunodéficience acquise), est un pathogène qui a décimé les populations d’Amérique latine et d’Afrique en grande majorité. Selon les dernières statistiques de l’UNAIDS 2017, environ 37 millions de personnes vivraient avec le VIH. La seule année 2017 aurait enregistré un peu plus de 2 millions de nouvelles infections.

Toujours d’après le récent rapport de l’UNAIDS, plus de 21,7 Millions de personnes seraient sous traitement antirétroviral avec une concentration de plus de 12,9 millions pour la seule région de l’Afrique de l’Est et du Sud. Ce rapport ajoute qu’« en Afrique subsaharienne, trois nouvelles infections sur 4 parmi les adolescents âgés de 15 à 19 ans sont des filles ».

Malgré la volonté des gouvernements et des organisations non gouvernementales de réduire significativement le coût des traitements antirétroviraux, on peut constater que les traitements dit de « rattrapage »[2] restent constant autour de 1859 dollars/personne/an. Or ce prix représente le plus bas disponible à l’échelle mondiale où de nombreux pays, et notamment ceux dits à revenu intermédiaire, achètent ces médicaments à des prix bien plus élevés.

L’ONUSIDA estime que 26,2 Milliard de dollars US seront nécessaires pour la riposte au SIDA en 2020, suivant les objectifs 90-90-90[3].

Le coût économique du VIH-SIDA en Afrique est un facteur non négligeable dans la complexité de sa stratégie de développement et de croissance. Plusieurs études menées sous l’égide des Nations Unies démontrent que le boom démographique de l’Afrique, avec sa forte densité de populations jeunes, pourrait aussi bien devenir un inconvénient si la pandémie VIH-SIDA n’est pas totalement résorbée d’ici 2030.

Son coût social est encore plus inquiétant pour qui envisage que l’Afrique soit le continent de demain. Car la pandémie traîne avec elle de lourdes séquelles qui risqueraient de demeurer longtemps dans la structure psychologique des populations africaines. Elle entraîne un psychodrame, les enfants grandissant avec une appréhension mêlée de honte de la pratique sexuelle, et une perception dégradée de la sexualité en général. Les représentations classiques ou traditionnelles des relations inter-genres et/ou socio-affectives s’en trouvent plus ou moins altérées.

Peut-on alors dire que la tentative de He Jiankui sur les bébés-CRISPR pourrait apporter une solution dans le processus d’éradication du VIH et donc du SIDA ? Le jour où la biotechnologie sera confirmée, ses effets secondaires suffisamment maîtrisés, comment pourra-t-on articuler la systématisation d’une pratique qui in fine, modifierait le génome humain ? L’immunisation génétique contre le VIH, à l’état embryonnaire de la croissance humaine, va-t-elle réellement avoir une influence métabolique sur le fonctionnement courant des interactions géniques impliquées dans cette modification ? Peut-on envisager des risques secondaires improbables pouvant entraver la stabilité physiologique et psychologique des enfants qui subiront cette modification dès leur conception embryonnaire ? Va-t-on ouvrir la boîte de pandore de l’immunisation universelle contre toutes les maladies grâce aux modifications génétiques et ainsi conserver une apparence de bonne santé intégrale ? Un être humain éternellement en parfait état de santé sera-t-il forcément bien dans son être ? Pour être plus pragmatique, selon quels critères de priorité ou d’urgence pourrait-on obliger, dans ces régions où le SIDA sévit de manière endémique, à adopter cette technologie de modification embryonnaire tout en respectant les codes éthiques et moraux constitutifs de leur particularisme culturel ? Cela aurait-il un coût ? Cela constituera-t-il une exigence de santé mondiale, de santé publique ou de santé individuelle ?

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