"Humans", une série sur la conscience robotique

"Humans" est une série anglo-américaine qui met en scène un monde où les robots d'apparence humaine sont devenus monnaie courante, et assistent les humains dans leurs diverses activités. Il s'agit d'un remake de la série suédoise "Real Humans".

Publié le 31 août 2015, par dans « transhumanisme »

« Humans » est une série anglo-américaine qui met en scène un monde où les robots d’apparence humaine sont devenus monnaie courante, et assistent les humains dans leurs diverses activités. Il s’agit d’un remake de la série suédoise « Real Humans », annulée après deux saisons faute de budget. Une première saison de 8 épisodes est disponible, et une seconde saison est prévue pour 2016.

 

Intrigue

La série se déroule dans un univers semblable au nôtre, mais peuplé de robots d’apparence humaine réaliste, les synths. Ils sont utilisés pour les fonctions les plus diverses : travailler, effectuer des tâches ménagères, élever des enfants, tenir compagnie à des personnes âgées, ou même engager des rapports sexuels. Dotés d’une intelligence très poussée, ils savent répondre de façon précise aux besoins des humains, mais pas davantage : ils se bornent à obéir à leur propriétaire, sans manifester d’émotion particulière au-delà de la simple amicalité.

L’histoire débute avec une famille ordinaire qui fait l’acquisition d’un robot domestique, Anita. Cependant, ils s’aperçoivent rapidement qu’elle est capable de comportements plus « humains » que les robots ordinaires. En parallèle, on suit les péripéties d’un groupe de robots fugitifs, qui semblent clairement dotés de conscience. Ils sont tous liés à un étrange personnage, Léo, qui semble n’être ni totalement humain, ni totalement artificiel…

Le fil conducteur est donc cette apparition inattendue de conscience chez certains robots. Quelle en est la cause ? Quelles en sont les implications ? Et surtout : que se passerait-il si ce phénomène se propageait parmi les robots, devenus omniprésents dans la société ?

 

Thèmes

Disons-le d’emblée, cette série n’aborde pas toutes les implications d’une société emplie de robots humanoïdes. En effet, outre ces robots extrêmement avancés, le reste de l’univers est semblable au nôtre sur le plan technologique. Et bien que ces robots soient capables d’effectuer la plupart des tâches humaines, ils n’ont pas pour autant mis au chômage l’essentiel de la population.

Plus modestement, cette série se concentre sur un thème précis : la perception que nous, humains, pouvons avoir de tels robots. En effet, même si l’on écarte les quelques robots conscients, les humains semblent capables d’une certaine empathie pour les synths, tout en sachant qu’ils ne sont que des machines obéissantes. La petite fille de la famille, elle, ne fait aucune différence, et préfère qu’Anita lui lise des histoires plutôt que sa propre mère.

Nous sommes ici en plein dans la thématique de la « vallée dérangeante ». Cette théorie peut se résumer ainsi : nous pouvons être à l’aise avec des robots rudimentaires, ou inversement, avec des robots parfaitement humains. Mais entre les deux, lorsque le robot commence à avoir des caractéristiques très humaines tout en restant empli de failles et de rigidités, alors un malaise apparaît. Ce robot « dans la vallée » nous apparaît alors comme un reflet angoissant de nous-mêmes : très ressemblant d’un côté, et clairement inhumain et artificiel de l’autre. Nous sommes partagés entre l’empathie et la peur de cet « autre » qui nous ressemble à la fois trop et trop peu.

Le générique retrace les étapes de l’histoire de la robotique, avec des questionnements en voix off :


En parallèle, un autre thème (beaucoup plus classique) est celui de la créature qui prend conscience d’elle-même, de ses créateurs, de son libre-arbitre, et qui s’interroge sur le sens de son existence. Les robots conscients ont ainsi divers comportements, du plus altruiste au plus sombre et nihiliste, en passant par l’hédonisme et le mysticisme. « L’humanité n’est pas une nature, mais une qualité », dira l’un des personnages à très juste titre.

 

Comparaison avec Real Humans

Avant tout chose, on peut critiquer cette manie américaine de faire des remake de toute production étrangère. Cela peut se comprendre pour des films japonais ou iraniens, qui ont un contexte culturel relativement différent. Cependant, il faut croire que l’Europe est déjà un cadre trop « alien » pour le public américain (on songera à Vanilla Sky, la quintessence du remake inutile).

Quelles sont donc les différences entre ce remake et la série suédoise (interrompue en cours de route) ?

Si l’on se base sur le pilote, c’est très similaire : même personnages, même intrigue de départ… Cependant, le scénario et les histoires individuelles divergent rapidement, et la conclusion de cette première saison est différente de celle de Real Humans. Seul demeure le fil conducteur : la quête de la conscience robotique, ses dangers et espoirs.

Le rythme est beaucoup plus rapide, là où Real Humans prenait son temps en insistant davantage sur les intrigues individuelles. Les personnages sont également moins lisses : là où la famille de Real Humans évoquait une pub Kinder, celle de Humans est confrontée à divers problèmes tels que l’infidélité ou la crise d’adolescence. Enfin, alors que l’intrigue commençait gentiment à tourner en rond dans la deuxième saison de Real Humans, cette première saison présage une suite beaucoup plus dense en événements. En cela, ce remake se laisse agréablement regarder même si l’on a déjà vu la série originelle.

Cependant, ce remake est un peu décevant sur un point précis : l’apparence et le jeu d’acteur des robots. Ceux de Real Humans, avec leur maquillage et leurs mouvements volontairement très artificiels, creusaient au plus profond de la vallée dérangeante. Ici, beaucoup moins d’efforts sont fait pour les distinguer des humains et retranscrire ce malaise. Les robots domestiques sont au final assez proches d’agents d’accueil extrêmement zélés, et les robots « conscients » sont pratiquement indiscernables d’humains ordinaires, si l’on excepte leur nature et leur vécu. Cela ne soulève pas moins les mêmes questionnements sur leur place dans la société et sur l’empathie que nous pouvons/devons leur accorder.

Au final, pour qui n’a pas vu la série originelle, il est tout à fait acceptable d’entamer directement le remake (même si Real Humans reste intéressant à voir par ailleurs). Ce remake semble bénéficier d’une plus large audience : espérons donc qu’il ne sera pas annulé, et que nous aurons cette fois le fin mot de l’histoire !

 

— Alexandre [alexandre point technoprog arobase gmail point com]

 

Liens

Site de la série : http://www.amc.com/shows/humans
Article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Humans_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e)
Article sur Real Humans par Marc Roux : http://transhumanistes.com/archives/2086

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