Le développement des technologies NBIC, opportunités ou importunités?

Une présentation générale des enjeux transhumanistes par Siba Tcha-Mouza

Publié le 21 octobre 2019, par dans « transhumanisme »

Ces dernières années, le progrès des sciences et des techniques connaît un rythme exponentiel et nous dote de capacités inouïes pour repousser davantage les limites innées. Ce qui était de l’ordre de nos fantasmes commence à s’inviter dans la réalité. Ceci, grâce au développement rapide et la convergence de disciplines scientifiques telles que les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences du cerveau. La quête perpétuelle du mieux-être nous a toujours caractérisés en tant qu’humain. Et depuis la nuit des temps, nous y parvenons beaucoup plus efficacement, grâce à notre potentiel distinctif. De la pierre au Smartphone, nous nous sommes beaucoup transmués. Notre mutation, à travers notre propre créativité, répond à un processus cyclique d’adaptation à notre environnement. Perpétuellement, nous modifions notre environnement social et matériel, qui nous modifie à son tour. Nous en sommes arrivés aujourd’hui à une période décisive de notre humanité, marquée par l’avènement des technologies disruptives, qui tendent à transformer radicalement notre société, sans épargner notre propre biologie. Aucun domaine d’activité ne pourra échapper à cette révolution qui s’annonce à une vitesse laissant peu de place à la prédiction. Ces technologies naissantes de notre génie nous présentent-elles des opportunités ou importunent-elles l’avenir de notre humanité ?

Que sont les NBIC?

En juin 2002, le rapport [1] produit par le physicien Mihail Roco et son collègue sociologue des religions, Richard Sims Bainbridge, de la National Science Foundation (NSF), ont permis de mettre en évidence les opportunités insoupçonnées dont regorge le développement scientifique et technologique. Intitulé «Converging Technologies for Improving Performances», ce rapport a révélé que de nouvelles disciplines (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences du cerveau) émergent et convergent tout en permettant d’envisager l’avenir sous un jour nouveau. Connues sous l’acronyme NBIC, ces disciplines vont permettre d’énoncer des promesses révolutionnaires de la condition humaine et sociale. Les Nanotechnologies, permettent de manipuler la matière à l’échelle du milliardième de mètre. Les Biotechnologies regroupent des techniques telles que la génétique, la biologie cellulaire et régénérative. L’Informatique est la science de traitement de l’information par l’ordinateur. Elle se développe par la puissance de calcul des ordinateurs permettant d’analyser de grandes masses de données de plus en plus produites. Cette puissance, liée au nombre des transistors sur les processeurs des ordinateurs, double tous les deux ans, d’après la loi de Moore [2]. Cette “loi” étant bien sûr plus un constat qu’une véritable loi. Et enfin, les sciences de la Cognition comprenant les neurosciences, les implants neuronaux, la psychologie, etc. Une avancée d’une de ces disciplines fait progresser les autres.

Les études sur le fonctionnement de notre cerveau nous permettent de simuler le cerveau à partir du silicium, des puces électroniques. L’avènement de l’intelligence artificielle (IA) vient booster le pouvoir technologique existant. L’IA est déjà opérationnelle. Après la phase des R&D, elle commence déjà à être déployée partout aujourd’hui. Faisant l’objet de plusieurs définitions, elle peut être aussi comprise comme « l’ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence » [3].

Dans ce rapport, il a été mentionné que « …la convergence technologique pourrait conduire à une amélioration fantastique des capacités humaines, de la société, de la productivité de la nation et de la qualité de la vie. Il s’agit d’une grande opportunité émergente au service des individus, de la société et de l’humanité sur le long terme » [4].

Impacts économiques et sociaux des technologies exponentielles

Le monde de l’entreprise se trouve à un nouveau tournant, où « ceux qui ne s’adaptent pas aux nouvelles technologies disparaîtront, entreprises ou États » [5]. Nous assistons progressivement à des transformations rapides sans précédent dans nos modes de production, d’organisation et de gestion. Le développement de l’intelligence artificielle (IA), reposant sur des algorithmes auto-apprenants grâce à de très grandes masses de données, nous oblige à revoir nos pratiques, à nous organiser autrement, à redéfinir nos compétences pour nous adapter aux nouveaux défis du marché. A la robotique, s’ajoute désormais l’IA pour exécuter avec beaucoup plus d’autonomie et d’efficacité, des tâches dont seul l’être humain pouvait s’occuper. Les assistants intelligents seront de plus en plus adaptés à nos besoins multiples (management, domestique, etc.). Les applications parfois inimaginables de ces technologies dans le monde de la production rendent inéluctables des conséquences sociétales auxquelles il faudrait déjà commencer à se préparer.

Les machines intelligentes nous feront-elles perdre notre travail ? Ces machines qui « voient », « pensent », « décident », « agissent », et « évaluent » leurs propres résultats, et sont capables de s’améliorer toutes seules arrivent dans notre vie. Elles sont exemptes de fatigue, de stress, de problèmes familiaux, de soif, de faim, etc. Dans certains domaines, la performance de ces machines commence à dépasser de très loin celle de l’être humain. En 2018, un algorithme développé par Google Deepmind, une filiale de Google, a pu détecter avec succès plus de 50 types de maladies oculaires en examinant des images 3D de la rétine, avec une marge d’erreur plus faible que celle des ophtalmologues [6].

Ces technologies légitimement dites disruptives pourraient-elles améliorer nos conditions de vie et de travail, ou les rendre plus pénibles? Le monde du travail, dans son état actuel,  ne répond pas encore aux aspirations humaines. Il faut l’humaniser, et cette fois, de manière radicale. Même avec une volonté saine, comment pourrions-nous espérer l’épanouissement de tous les êtres humains de notre planète, sans nous défaire du travail lorsque celui-ci est à la fois déshumanisant et indésirable ?

L’épanouissement des femmes, des hommes et des enfants,  partout dans le monde, reste la préoccupation essentielle de l’ONU (Organisation des Nations Unies) à travers ses agences spécialisées, dont l’OIT (Organisation Internationale du Travail). Ce souci d’accéder à la pleine dignité humaine, avant d’être collectif voire universel, est d’abord individuel. Et chaque instant, chaque jour, chacun se bat, ainsi que foisonnent des programmes internationaux très ambitieux pour la bonne cause.

Toutefois, force est de constater que ce but est très loin d’être atteint malgré tous les efforts consentis. Loin de justifier l’esclavage, celui-ci était, à des périodes de l’histoire du monde, un moyen nécessaire pour réaliser le bonheur d’une partie des êtres humains. A ces périodes, seul l’humain doté de caractéristiques particulières pouvaient assurer le travail nécessaire pour produire de la richesse suffisante à son épanouissement. La technique disponible était très limitée par son manque d’autonomie. De toute façon, pour produire,  la sueur devait couler. Le bonheur étant inconciliable avec le travail pénible et indésirable, alors que c’est la richesse produite, nécessairement à travers ce dernier, qui assure une vie heureuse. L’esclavage, bien que sans externalités négatives persistantes pour ses promoteurs, fut la solution trouvée à cette problématique. Pour ce faire, il avait fallu que les esclavagistes niassent l’humanité de leurs semblables humains.

De nos jours, l’esclavage, bien qu’il soit aboli, n’a pas encore totalement quitté nos sociétés. Celui-ci est encore présent et partout, surtout dans les pays pauvres où les droits humains les plus élémentaires peinent encore à s’établir. Il a tout juste muté et s’avère insidieusement multiforme et sape le bien-être de notre Humanité. Cette dernière est un tout, comparable au corps humain vivant, qui ne peut tenir debout ou garder l’équilibre désiré lorsque l’un de ses organes souffre.

Pourrions-nous nous permettre de voir en l’avènement des machines « intelligentes », capables de simuler l’être humain pour exécuter des tâches,  un moyen d’éradiquer ce néo-esclavage ? Pourquoi ne pas penser à remplacer « l’esclave biologique » par «l’esclave machine» constitué de fer ou d’acier au cerveau de silicium ? Pourquoi maintenir l’humanité ou la plus grande partie de l’humanité dans une souffrance indigne malgré l’existence d’une alternative de plus en plus réelle ? Est-ce la machine « intelligente » qu’il faut craindre ou notre manque de sincérité à libérer l’être humain des griffes de ce qui est négation de son humanité? N’est-ce pas le moment de faire face à notre désir de dominance camouflé sous la nécessité ? C’est autant de questions à se poser, afin de mieux appréhender les opportunités technologiques sous la lumière des valeurs humanistes universelles.

Bien que la destruction créatrice (théorie schumpétérienne [7] ) fasse émerger de nouveaux emplois, on peut rester sceptique sur leur importance numérique pour compenser ceux détruits et répondre aux attentes des populations croissantes.  La subrogation progressive du travailleur humain par le travailleur machine permettrait d’augmenter considérablement la productivité. Le nombre d’heure de travail occupé par travailleur humain, par semaine, pourrait progressivement être réduit de manière à diminuer, voire à éradiquer le chômage. On peut ainsi en arriver à l’instauration du Revenu de Base (RB). Encore appelé revenu universel ou allocation universelle, c’est « une somme d’argent versée par une communauté politique à tous ses membres, sur une base individuelle, sans conditions de ressources ni obligation ou absence de travail. » [8].  Ce projet n’est certainement pas en contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), qui « proclame des droits économiques, sociaux et culturels qui ont pour but d’assurer à chacune et chacun la satisfaction de ses besoins de base et des conditions favorables à son épanouissement personnel. » [9]

Lorsque la partie du travail déshumanisant, pénible ou non désiré sera réservée aux machines, on pourrait garantir aux êtres humains la partie désirable, de telle sorte que chacun puisse exercer une activité de durée réduite et très bien payée grâce à l’accroissement de la productivité. Le Revenu de Base ne peut donner aucunement lieu à une société dystopique d’oisifs comme le décrit caricaturalement M. Laurent Alexandre [10], du moment où existeraient toujours une infinité d’activités désirables et épanouissantes pour les humains. Toutefois, la rationalisation du nombre des naissances, notamment dans les pays en voie de développement, reste un des éléments primordiaux dans ce processus.

Impacts militaires et  stratégiques des NBIC

Sur le plan militaire et stratégique, les plus puissantes des armées seront celles qui maitriseront plus que les autres les technologies émergentes. La possibilité de mettre sur pied des armes semi-autonomes et autonomes, grâce à l’intelligence artificielle et la robotique,  va redéfinir un nouveau visage de la guerre. Des soldats augmentés par le complexe technologique ou carrément des robots-soldats affronteraient-ils des soldats faits de chair et de sang, imbus de peur, de souvenirs traumatisants, de doute, d’empathie?

Outre le milieu terrestre, la mer, le ciel, le progrès technologique a fait naître de nouveaux terrains aux enjeux stratégiques majeurs : le milieu numérique et le milieu spatial. Le handicap technologique restreint le nombre de compétiteurs sur ces terrains très stratégiques, et maintient les autres sous contrôle. Le 1er septembre 2017, lors de son discours à Iaroslavl, Vladimir Poutine a annoncé que « l’intelligence artificielle est l’avenir non seulement de la Russie, mais de toute l’humanité » ; « celui qui deviendra le leader dans ce domaine, sera le maître du monde » [11].

Impacts thérapeutiques et biologiques des NBIC

En biologie, le séquençage de l’ADN permettrait de dépister, plusieurs décennies plus tôt, les maladies auxquelles un individu est prédisposé. Ceci, grâce à la puissance informatique, dont le traitement statistique associe des marqueurs génétiques aux caractéristiques biologiques et psychiques.

Le Beijing Genomics Institute (BGI), l’un des plus grands instituts de biotechnologie au monde, s’est lancé dans un très vaste projet de séquençage de l’ADN des surdoués. A ce jour, grâce à une collaboration avec d’autres chercheurs (un anglais et un américain), l’équipe du Centre de Génomique Cognitive de BGI, dirigée par Zhao Bowen, est parvenue à obtenir l’ADN de 2 500 purs génies au QI de 160 et plus. Ceci constitue une première dans l’histoire mondiale. L’objectif visé est de déterminer les marqueurs génétiques de l’intelligence [12].

Le développement de cette technique nourrit aussi beaucoup d’espoir en matière de médecine dite prédictive, préventive et personnalisée [13].  En 2008, Sergey Brin, le co-fondateur de Google, à 35 ans, révélait au public qu’il est porteur du gène LRRK2. Ce dernier augmente de 30 à 75 % ses risques de développer le syndrome parkinsonien [14].

Les ciseaux moléculaires appelés  CRISPR-Cas9 (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats de CAS9) [15] ont été révélés au grand public, en 2012, par la française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna. L’outil CRISPR-Cas9 permet, avec une plus grande précision et rapidité, de modifier le génome d’une cellule, y-compris humaine. Désormais, comme dans un traitement de texte, il est techniquement possible de supprimer, de remplacer ou de modifier un ou plusieurs gènes, selon le résultat espéré. Cette pratique dite ingénierie génétique vient ainsi d’être révolutionnée par l’outil CRISPR-Cas9.

Pour éviter les mutations non prévues et non voulues à la suite de l’usage de CRISPR-Cas9, selon les travaux des chercheurs des universités de Berkeley et de San Francisco, des protéines anti-CRISPR (en particulier AcrIIA4) pourraient être envisagées [16]. Le chercheur chinois nommé He Jiankiu avait annoncé, en novembre 2018, la naissance de jumelles génétiquement modifiées. Toutefois, cela avait provoqué un tollé général. L’objectif de cette manipulation génétique était de rendre ces futurs bébés résistants au virus du SIDA [17].

L’ingénierie cellulaire permet de reconstituer des types de cellules de l’organisme à partir des cellules souches non différenciées. Elle nourrit beaucoup d’espoir dans la lutte contre des maladies dégénératives telles que  celles d’Alzheimer, de Parkinson, le diabète, l’arthrose, etc. C’est aussi un espoir pour une alternative révolutionnaire dans le cadre des transplantations d’organes humains à travers leur fabrication en culture (l’ingénierie tissulaire). A la suite d’une transplantation d’organe recueilli chez un autre individu, le patient se trouve contraint de prendre des médicaments antirejet qui ne sont pas exempts d’effets nocifs. Ainsi, la possibilité de pouvoir reconstituer un organe entier à partir de ces cellules souches prélevées sur le même patient apporterait la solution à ce problème spécifique.

En neuroscience, l’interface cerveau-machine (ICM) ou l’interface-cerveau ordinateur est une interface de communication entre le cerveau et un dispositif externe (ordinateur ou système électronique). De grands projets de recherche qui y sont relatifs ont été lancés. Le projet Blue Brain, ayant pour objectif de simuler une colonne corticale, a été mis sur pied en mai 2005 à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse [18]. En 2013, avant la réorientation de ses objectifs vers la mise au point et la démonstration de nouveaux outils informatiques pour la recherche future en neurosciences et l’intégration de scientifiques, un vaste projet d’étude et de modélisation du cerveau humain, le Human Brain Project (HBP), a été lancé. Soutenu par l’Union Européenne), son coût avait été estimé à 1,19 milliard d’euros. L’objectif avoué de ce programme s’inscrit dans le cadre de la progression des neurosciences et la lutte contre les maladies qui affectent le cerveau [19].

L’entrepreneur états-unien Elon Musk a affirmé que ses entreprises (SolarCity, Tesla et SpaceX) servent à la réalisation de sa vision de changer le monde et l’humanité. Il est aussi le promoteur de Neuralink, une startup créée en 2017 et spécialisée en nanobiotechnologie, dont l’objectif est de développer des dispositifs électroniques pouvant être intégrés dans le cerveau, en vue d’augmenter la mémoire, piloter des terminaux, et de mieux marier le cerveau et l’intelligence artificielle [20]. Des personnes souffrant de handicaps lourds, comme des tétraplégiques, pourraient alors contrôler un smartphone  ou un ordinateur par la pensée. Le 17 juillet 2019, le Journal du Geek [21] a publié sur son site la première avancée du projet Starlink de l’entrepreneur. C’est un système de threads flexibles, à faible risque de dommage au cerveau par rapport aux dispositifs utilisés actuellement  dans les interfaces cerveau-machine.

En France, les travaux du professeur grenoblois Alim-Louis Benabid ont permis d’inventer le pacemaker cérébral pour les malades de Parkinson.  Ses recherches ont porté sur la stimulation électrique ayant pour objectif de stopper les tremblements chez ces derniers [22]. Cette technique est appelée Stimulation cérébrale profonde (SCP).

Aujourd’hui, la science et la technologie évoluent de manière vertigineuse, et la limite des obstacles techniques et de modélisation bouge constamment grâce à la convergence technologique. Il devient donc impossible de prédire avec exactitude le temps que prendront les recherches pour aboutir aux applications techniques des résultats. Sachant que tous les domaines concernés n’évoluent pas à la même vitesse.

Le vieillissement comme maladie

Si, en général, les maladies chroniques émergent avec le vieillissement, pourquoi celui-ci, en tant que facteur contextuel de celles-ci, ne serait pas considéré comme une pathologie? Ces maladies comme symptômes du vieillissement de l’organisme ne peuvent demeurer fatales, à l’ère des NBIC, où la possibilité nous est donnée d’explorer la génétique et l’épigénétique. Des conseils nutritionnels et relatifs au mode de vie sont prodigués tous les jours à travers les média, entre ami(e)s ou en famille pour rester jeune et en bonne santé. Ce qui est tout à fait normal et salutaire. Parvenir à contrôler le mécanisme sous-jacent à la sénescence cellulaire (le vieillissement) en vue de le ralentir, de l’arrêter, voire de le rendre réversible, serait un bond historique pour l’humanité. Qui se priverait de la pilule de jouvence un fois disponible ?

Grâce au progrès technoscientifique cette aventure peut être considérée comme une grande évolution de notre ambition qui ne se limite jusqu’ici qu’à soigner les personnes âgées (la gériatrie) et à juste essayer de comprendre le vieillissement (la gérontologie). La reconnaissance du vieillissement comme maladie par les instances internationales telles que  l’OMS (organisation Mondiale de la Santé) s’avère nécessaire, afin de catalyser les efforts de recherches et de soutenir les laboratoires qui, à présent, s’investissent déjà dans ce sens. Cette lutte commune aurait des impacts majeurs sur les maladies chroniques qui surgissent au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Ces désordres biologiques annonciateurs de notre finitude entraînent de lourdes dépenses interminables, nous font souffrir sans espoir de guérison. Bien qu’on soit encore très loin d’avoir compris tout le mécanisme biologique qui sous-tend le vieillissement de l’organisme humain, les résultats issus des recherches sont de plus en plus encourageants [23]. Le contexte biologique d’émergence des maladies de dégénérescence doit être considéré comme un véritable problème de santé publique au niveau mondial qui n’épargne aucune couche sociale. Un programme ambitieux et collaboratif à l’échelle internationale de lutte contre le vieillissement est la réponse adéquate qui contribuera à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD), notamment l’objectif 3 (Bonne santé et bien-être). Celui-ci s’énonce  ainsi : « Donner les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tous les âges est essentiel pour le développement durable » [24].

Questions sociétales de notre transformation biologique

Au vu de tout ce qui précède, comme pouvoir qui tombe entre les mains de l’être humain, quelles conséquences pour l’humanité ? D’après la loi de Gabor, tout ce qui est techniquement possible sera nécessairement réalisé. Cette loi met en évidence l’extrême difficulté de parvenir à interdire universellement des recherches scientifiques et des applications technologiques possibles. Ceci étant, quelles attitudes faudrait-il adopter, face à ce déferlement technoscientifique? Serait-il possible d’imposer un seuil de développement de ces technologies à toute l’humanité ? Interdirait-on l’innovation technoscientifique afin de préserver la nature humaine et son écosystème, bien que cette nature n’ait jamais cessé d’être transformée ? Plutôt que de tenter d’interdire, il convient surtout d’accélérer les recherches dans les directions souhaitables au bien commun (et donc indirectement de décourager les recherches aux résultats potentiellement nuisibles).  L’augmentation des caractéristiques physiques et psychiques de l’être humain et la transformation de son habitat ne naissent pas du développement récent des technologies exponentielles. Aussi vieilles que le monde, elles traversent tout simplement, avec forte accélération ces dernières années, des stades de plus en plus sophistiqués. La réalité que nous, les êtres humains, nous sommes toujours augmentés par la technique, depuis nos premiers ancêtres, contraint le bioconservatisme à demeurer pure idéalité et peu pertinent. Bioconservateurs ou non, nous n’hésitons pas à contourner nos problèmes de vue survenus naturellement dès que nous en avons les moyens. Bien que déjà bien portants, nous nous augmentons par les vaccins en vue d’accroître notre résistance aux maladies. Ces vaccins sont issus de la biotechnologie.

La drépanocytose est, à titre d’exemple, une maladie génétique qui sème de la souffrance dans le corps et dans les familles des victimes. Interdirions-nous de toucher au génome, dans la mesure où ce serait le seul moyen de guérir cette maladie avec moins de risques possibles ? Notre génome n’a jamais cessé de muter naturellement, et encore davantage sous l’effet des mutagènes (les radiations et produits chimiques). Cette instabilité de notre génome, souvent aggravée par l’état de pollution de l’environnement, s’avère plus ou moins délétère à notre santé.

Ceci étant, avec une maîtrise satisfaisante des risques, trouve-t-on de grief en la modification bienveillante de notre génome par nous-mêmes ?  Face aux victimes de la tétraplégie, qui serait à même de leur interdire de palier à ce dysfonctionnement en interfaçant leur cerveau avec des dispositifs électroniques? Au nom de quel bioconservatisme allons-nous maintenir nos semblables victimes de handicap en marge de la société, malgré toutes les possibilités techniques qui seront disponibles ? Préfèrerions-nous ne rien savoir de nos prédispositions génétiques nous permettant de prédire et de prévenir les maladies, jusqu’à la manifestation des premières symptômes ? Faudrait-il définir un seuil de performance des prothèses biomécatroniques, pour éviter l’avènement d’un sur-homme ou homme augmenté?

Par ailleurs, des critiques adressées aux efforts de libération de l’être humain des contraintes de la nature portent aussi sur le réalisme des objectifs assignés aux recherches scientifiques et technologiques.  A ce sujet, l’indétermination des limites du potentiel humain à travers l’évolution de la science et de la technologie nous oblige à faire preuve d’humilité. Par le passé, le célèbre biologiste Jacques Monod, ayant obtenu le prix Nobel de physiologie en 1965, et considéré comme l’un des pères de la biologie moléculaire moderne,  avait annoncé que « la taille de l’ADN était trop importante pour que l’on puisse un jour modifier le génome humain. Six ans plus tard, les premières manipulations génétiques voyaient le jour.» [25]. De plus, « en 1990, le consensus des généticiens annonçait que l’on ne pourrait jamais séquencer l’ADN. Mais c’est finalement chose faite en 2003 » [26].

Le champ des possibles étant indéterminé, les tendances bioconservatrices sont souvent expressives d’une technophobie sous-jacente. Cette dernière,  comprise comme la peur suscitée par le progrès des technosciences, surgit à chaque saut technologique pouvant changer la face du monde. L’être humain est doté d’une capacité d’imagination fabuleuse lui permettant d’anticiper les conséquences des faits. Toutefois, pétri d’émotions ambivalentes,  il est parfois abusivement emporté par ses craintes, laissant peu de place à l’objectivité dans la considération du réel. Cet état d’esprit, tel un prisme, déforme la réalité.

Il faut aussi souligner que la technophilie béate, qui relèverait, elle aussi, d’émotions mettant en veilleuse les facultés rationnelles, est contre-productive. Cette tendance, souvent dénuée d’éthique et excessivement exaltante, annihilerait toutes possibilités de percevoir et de  réduire les risques liés à notre santé et à l’environnement.

Ainsi, entre la technophilie béate et la technophobie, se développent d’autres positions réalistes et humanistes, pour lesquelles le progrès technique sans le progrès social serait vain et indésirable. Elles se démarquent des visions utopiques et dystopiques du futur servies sur un plateau sensationnaliste, qui présente le monde réel, dans son mouvement, sous de fausses images.

Le but ultime des efforts de dépassement des limites innées est l’épanouissement de l’être humain. Cette mission portée par le transhumanisme se fonde sur les aspirations les plus profondes et les plus anciennes de l’humanité. Le mouvement entend s’appuyer objectivement sur le développement des technologies NBIC, afin d’atteindre ses  objectifs à court, à moyen et à très long termes. Cependant, l’extrême polarisation des positions basée sur du sensationnalisme tend au dogmatisme, et conséquemment, pourrait nuire au progrès social auquel devait servir le progrès technique. Notons que c’est aussi au travers de la science et de la technologie que les risques peuvent être évalués et maîtrisés. Par métaphore, jeter le bébé,  que sont la science et la technologie, avec l’eau du bain, que sont les risques potentiels, serait une rétrogradation de notre humanité.

En 1998, le philosophe suédois Nick Bostrom, directeur du Future of Humanity Institute à l’Université d’Oxford, a cofondé la World Transhumanist Association (WTA), qui, sommairement présentée, vise l’épanouissement de l’être humain au-delà des limites biologiques. Notamment, à l’article 1 de sa déclaration, est stipulé ce qui suit : « L’avenir de l’humanité va être radicalement transformé par la technologie. Nous envisageons la possibilité que l’être humain puisse subir des modifications telles que son rajeunissement, l’accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique, l’abolition de la souffrance et l’exploration de l’univers » [27].

Le transhumanisme, comme prise de conscience de la nécessité de donner sens au désir de l’être humain d’augmenter ses capacités, grâce à la maîtrise de la technique, est aujourd’hui une réalité plurielle. Devenant davantage un terme générique, désormais le concept de « transhumanisme » n’est plus réductible au libertarianisme qui le caractérisait dans la Californie de la fin des années 70 et du début des années 80 [28]. Comme courants transhumanistes, on peut citer, entre autres, les extropiens, les immortalistes, les singularitariens, les hédonistes et les technoprogressistes.

Selon le contexte social, les normes, les valeurs sociales et les idéaux sociaux, un courant de pensée transhumaniste peut émerger et redéfinir ses priorités. Plus égalitaire, le courant technoprogressiste vise à l’épanouissement de l’être humain à travers le développement des technosciences. Dans une interview à l’occasion du colloque TransVision 2017 à Bruxelles, Marc Roux, président de l’Association Française Transhumaniste (AFT) Technoprog et chercheur affilié à l’Institut for Ethics and Emergent Technologies (IEET), soulignait la nécessité de prendre en compte la dimension humaine. Il affirmait que « Dans une société déjà fortement inégalitaire, le transhumanisme pourrait servir à conforter, voire aggraver ces inégalités. Se contenter d’un tel progrès technique sans progrès humain serait une régression et l’écart entre le haut et le bas de la pyramide pourrait conduire à des crises sociales dramatiques » [29].

Didier Cœurnelle, vice-président de la même association, affirmait aussi que « si le transhumanisme porte l’idée que les nouvelles technologies peuvent améliorer la condition de l’homme, le techno-progressisme, lui, veut incorporer à ce projet une réflexion sociétale » [30].

La naissance de ce courant de pensée transhumaniste apporte une réponse aux préoccupations de toutes véritables volontés soucieuses des questions éthiques, de la santé humaine et de l’équilibre environnemental. En effet, le transhumanisme technoprogressiste  intègre, au cœur de ses réflexions, des questions sociales et celles relatives aux risques sanitaires et environnementaux [31]. Ceci rend impertinents les propos caricaturaux et réductionnistes sur le transhumanisme, tout en faisant abstraction de sa richesse idéologique.

Les transhumanistes pensent que l’humain est un potentiel infini qu’il faudrait développer de manière consciente, grâce à l’outil NBIC.  Des limites thérapeutiques peuvent être repoussées dans la façon technique de prédire, de prévenir, de traiter, voire de guérir des maladies autrefois incurables par la thérapie génique et cellulaire. Selon eux, la science et la technologie doivent permettre à l’humanité d’améliorer sa condition, afin de vivre de plus en plus longtemps et en meilleure santé. Considérée dans sa large définition donnée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), cette dernière est  « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladies ou d’infirmité » [32]. Ceci étant, on retrouve dans les objectifs très ambitieux du transhumanisme, principalement, ceux du courant technoprogressiste, des réponses aux préoccupations du bien-être humain.

Permettre aux tétraplégiques de marcher et d’interagir avec leur environnement matériel même par la pensée, réparer la cécité en remplaçant l’œil biologique défectueux par l’œil bionique, contrôler le mécanisme de vieillissement de nos cellules, prolonger radicalement l’expérience de vie en pleine santé, augmenter les capacités reproductives des êtres humains, redonner la mobilité et soulever des charges lourdes grâce à l’exosquelette, se faire assister par des machines intelligentes, coloniser l’espace sont, entre autres, les objectifs poursuivis par le transhumanisme. Entre la réparation et l’augmentation, la limite est floue. Certes, nous n’avons cessé d’être augmentés depuis que notre premier ancêtre choisit d’utiliser un bâton pour cueillir un fruit. Ce qui soulève le débat est la grande rupture créée par l’avènement des NBIC, permettant un saut qui semble dépasser l’entendement. Pourtant, ceci n’est qu’un problème de perception.

Avant l’avènement des technologies de l’information, la capacité de voir, d’écouter et d’interagir avec d’autres à l’autre du bout du monde, en temps réel, ne pouvait relever que de la pure « sorcellerie »  ou d’une pratique surhumaine. Aujourd’hui, la capacité à communiquer directement avec le cerveau par ICM, faisant partie des objectifs transhumanistes, serait considérée comme normal et indispensable. Promettre à nos ancêtres que le voyage d’une planète à l’autre serait possible, aurait été considéré comme du délire ou du fantasme. Et c’est ainsi que l’être humain, en s’augmentant par les technologies,  repousse continuellement les limites de la nature et redéfinit sans cesse son humanité.

Il est incontestable que la maladie, le handicap, la vieillesse et même la mort n’ont été acceptés par les sociétés humaines que par leur fatalité. Notre incapacité prouvée à les éradiquer entièrement de notre existence s’est du coup transformée en une acceptation sous laquelle nous nourrissons des résistances. A chaque fois que nous, les êtres humains, accédons aux moyens prometteurs d’un éventuel affranchissement de ces fléaux, nous n’hésitons point en général. Même les plus « pieux » d’entre nous, qui sont persuadés que la maladie ou la mort ne constituent qu’un passage, et qui espèrent le paradis et une vie heureuse et éternelle, luttent au quotidien contre ces fléaux naturels par des moyens offerts par la science et la technologie et à travers la spiritualité.

Notre résistance à tout ce qui affecte notre intégrité biologique et psychique reste innée. Si nous croyions que notre réaction de peur à la suite d’une explosion serait exclusivement due à l’expérience vécue, comment expliquerions-nous les pleurs d’un bébé déclenchés par un bruit brusque et sonore ? La haine de la maladie, du handicap, du vieillissement  et de la mort serait profondément inscrite dans nos gènes, et serait constitutif de notre humanité. Prétendre le nier fait partie aussi de notre tendance à émettre, par erreur ou délibérément, des allégations ne concordant pas à notre réalité.

La santé fait l’objet d’éloges universellement soutenus. Ceci explique la noblesse de tout engagement à soigner le corps souffrant,  à réparer le corps biologique et à éradiquer les maladies. Les atteintes à la santé sont toujours considérées comme ennemies, non seulement de l’individu atteint, mais aussi de la société du fait du désordre social entraîné. Combien nous sommes nous sentis flattés, au cours des retrouvailles où l’on nous a dit : « Tu ne vieillis pas », « Tu es toujours resté jeune », « Tu es toujours en forme »… ! A chaque début d’année, le vœu de santé est le plus prononcé presque partout. Au-delà des rhétoriques, tout être humain, en général, éprouve du  dédain pour tout ce qui exprime sa finitude. Comment expliquer alors les discours qui se veulent anti-transhumanistes, en déniant à notre humanité sa caractéristique fondamentale ?

Soit on vieillit pour mourir plus tard, soit on ne vit plus pour vieillir. Si vieillir était seulement l’accumulation du nombre d’années de vie,  sans la perte irréversible de nos facultés physiques et psychiques, nous l’invoquerions de tout notre vœu. Nous n’acceptons malgré nous le vieillissement que pour retarder le pire qui est la mort. L’hygiène largement acceptée a implicitement pour but de retarder la survenue de la mort et des marques biologiques de notre vieillissement. Naturellement, mourir tard serait fortement corrélé à beaucoup vieillir. Par l’hygiène, nous cherchons à accumuler plus d’années de vie en ralentissant le plus possible le processus de désintégration de nos facultés biologiques et psychiques, et même de notre finitude.  Et c’est, en effet, cette même aventure que nous poursuivons aux moyens de la science et de la technique, à travers le mouvement transhumaniste. Le « péché » qui serait reproché à la technoscience puise sa substance dans les risques liés à la santé, à l’environnement ou d’éventuelles dérives. Ce n’est pour autant qu’il faudrait renoncer à notre aventure qui nous a conduits jusqu’ici, loin des hommes de cavernes.

Les NBIC sont, en ce 21ème siècle, un outil aux enjeux majeurs et très divers. Leurs impacts sur la médecine, l’éducation, le droit, la sociologie, la psychologie, la philosophie, l’économie, la politique, la géopolitique … deviennent de plus en plus évidents au fur et à mesure de leur développement. Nous sommes à une période, où, tout pays, développé ou non, dispose d’une chance relative pour se redéfinir au cours des prochaines décennies. Le cybernéticien britannique, Kevin Warwick déclarait en 2002 que « ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer […] constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur» [33]. Bien que cette déclaration soit trop extrême, elle attire notre attention sur la situation conséquentielle possible, à l’échelle nationale,  de rester en marge de cette aventure technologique. Le développement technoscientifique n’est pas forcément linéaire. Autrement dit, il est possible de fabriquer des Smartphones sans avoir passé par la fabrication des Nokia 3210. Demeurer spectateur et être à la traîne des technosciences et des débats sociétaux qui y sont relatifs, pour n’importe quel motif, c’est se résigner à subir le futur tel que voulu par les autres.

Du citoyen augmenté, en passant par les professionnels augmentés, on aboutit aux pays augmentés par les technologies. Notre quête d’une humanité augmentée et épanouie ne serait fructueuse sans de véritables valeurs humanistes. Aussi, aucun être humain, aucun groupe social, aucune contrée habitée d’humains, ou aucun pays ne doit passer à côté de cette révolution. S’intéresser aux sujets de la transformation accélérée de notre monde et celle de notre biologie s’avère crucial, afin de mieux comprendre les enjeux éthiques et les risques, et de participer pleinement à l’élaboration de notre futur. Les réponses aux défis sociétaux, pour être  crédibles et démocratiques, ne peuvent émaner exclusivement ni des experts, ni des citoyens. Elles doivent inclure toute la société pour être optimales.

Siba Tcha-Mouza

Notes

[1] https://iatranshumanisme.com/transhumanisme/les-technologies-emergentes/le-rapport-nbic/

[2] https://www.developpez.com/actu/241718/La-fin-de-la-loi-de-Moore-arretera-t-elle-les-progres-de-l-intelligence-artificielle-les-avis-sur-la-question-sont-plutot-mitiges/

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_artificielle

[4] National Science Foundation. 2002 « Converging technologies for Improving Human Performance. Nanotechnology, Biotechnology, Information Technology and Cognitive Science » Edited by Mihail C. Roco and William Sims Bainbridge, sponsored by the NSF.
http://www.wtec.org/ConvergingTechnologies/Report/NBIC_report.pdf

[5] https://www.atlantico.fr/decryptage/659884/a-la-decouverte-des-nbic–bien-parties-pour-transformer-l-economie-mondiale-nicolas-bouzou

[6] https://www.lesechos.fr/tech-medias/intelligence-artificielle/maladies-de-loeil-lintelligence-artificielle-meilleure-que-les-medecins-136694

[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_cr%C3%A9atrice

[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_base

[9] https://www.amnesty.fr/focus/declaration-universelle-des-droits-de-lhomme

[10] https://www.contrepoints.org/2017/01/31/279562-intelligence-artificielle-travail-dans-le-futur

[11] https://www.larevuedudigital.com/vladimir-poutine-le-leader-en-intelligence-artificielle-dominera-le-monde/

[12] https://www.nouvelobs.com/monde/20140110.OBS1978/comment-la-chine-fabrique-ses-futurs-genies.html

[13] https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/sequencage-de-l-adn-il-sauve-desormais-des-vies-33258

[14] https://www.neonmag.fr/jai-rencontre-mon-adn-497689.html

[15] https://fr.wikipedia.org/wiki/Cas9

[16] https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/genetique/crispr-cas9-il-est-possible-de-controler-les-mutations-target

[17] https://www.marianne.net/monde/bebes-ogm-chine-enquete

[18] https://fr.wikipedia.org/wiki/Blue_Brain

[19] https://fr.wikipedia.org/wiki/Human_Brain_Project

[20] https://fr.wikipedia.org/wiki/Elon_Musk

[21] https://www.journaldugeek.com/2019/07/17/neuralink-interface-cerveau-machine-elon-musk-presente-progres/

[22] https://www.placegrenet.fr/2016/06/09/prix-de-linventeur-europeen-2016-pr-benabid-fondateur-de-clinatec/91400

[23] http://www.longlonglife.org/fr/

[24] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

[25] https://atelier.bnpparibas/health/article/l-etude-genome-avenir-medecine-personnalisee

[26] Ibid.

[27] https://iatranshumanisme.com/transhumanisme/la-declaration-transhumaniste/

[28] http://www.erf-auteuil.org/conferences/cycle-2016-2017-3-1-roux.pdf

[29] https://sciencepost.fr/2017/11/techno-progressisme

[30] Ibid.

[31] https://transhumanistes.com/presentation/

[32] https://www.who.int/fr/about/who-we-are/constitution

[33] https://www.philomag.com/lactu/matieres-a-penser/la-notionles-chimpanzes-du-futur-24914