Le transhumanisme en Suède – historique, situation présente et futur incertain
Les premières initiatives dans les années 1990, les figures les plus célèbres et les réalisations importantes d'un des mouvements transhumanistes les plus anciens.
Publié le 28 mai 2020, par dans « transhumanisme »
Par Waldemar Ingdahl, porte-parole de Människa+
Le mouvement transhumaniste a déjà une longue histoire en Suède, avec un niveau d’activité en dents de scie. Parfois très influent sur la pensée transhumaniste, du moins en rapport de la taille assez humble de la population suédoise, il s’est d’autres fois situé très en retrait. Les premières rencontres transhumanistes débutèrent à l’initiative des étudiants du Royal Institute of Technology de Stockholm en 1994.
Un nom, dans ces premiers temps, s’impose : Anders Sandberg. Il créa un site web très important parlant de transhumanisme à une époque où Internet avait largement moins de contenu qu’aujourd’hui [NDT : voir par exemple Andart, et aujourd’hui Andart II]. « La page transhumaniste d’Anders » deviendra le point d’entrée vers les idées transhumanistes pour beaucoup d’entre eux. L’influence suédoise sur la pensée transhumaniste et sa dissémination à l’international est remarquable, et doit beaucoup au travail d’Anders Sandberg et de Nick Bostrom à travers la déclaration transhumaniste et la fondation de la World Transhumanist Association (aujourd’hui nommée Humanity+). Ils ont ensuite tous deux apporté d’importantes contributions au transhumanisme et à la philosophie via le Future of Humanity Institute d’Oxford.
En 1999, les transhumanistes suédois organisent la deuxième convention Transvision à Långholmen (Stockholm) avec des intervenants autant internationaux que suédois. Au début des années 2000, le principal foyer du mouvement transhumaniste en Suède fut le think tank politique Eudoxa qui s’intéressait aux sujets politiques tels que la bioéthique, le rapport aux technologies et à l’intelligence artificielle. Il sera même pionnier en téléconférence en organisant un séminaire en ligne dans le monde virtuel de Second Life.
En 2009, un regain s’amorce avec la fondation de Humanity+ Suède (Appelée Människa Plus en suédois) par, entre autres, le philosophe Karim Jebari. Durant la décennie 2010 l’association devint le lieu de rencontre pour ceux qui voulaient être proactifs et mettre en application leurs idées, permettant au mouvement de commencer à avoir un impact. En 2014, le biohacker [Hannes Sjoblad], avec l’association BioNyfiken démarra ses opérations, organisant des « chip implant parties ». Puis en 2016, s’est tenu à Stockholm la plus grande réunion transhumaniste organisée en Suède à ce jour, la conférence Människa+Maskin (Humain+Machine). Toute une journée de discussions, exhibitions et diffusion de films dédiés à la culture transhumaniste au sein de la Kulturhuset House of Culture. Enfin, en 2018, l’association suédoise de cryonie (Swedish Cryonics Association) fut fondée afin de promouvoir la cryonie en Suède. Des transhumanistes ont aussi intégré les camps d’activités non confessionnels de l’association de jeunesse Protus, ou l’association suédoise pour l’altruisme efficace (Swedish Association for Effective Altruism). De plus, les transhumanistes suédois ont été présents en relatifs grands nombres lors de conférences telles que les Transvision. Cependant, le mouvement transhumaniste a vu un glissement générationnel s’amorcer au milieu de la décennie 2010, laissant beaucoup de réseaux bien moins actifs.
D’un autre côté, nombre de technologies transhumanistes et de pratiques bio-libérales, telle l’insertion de micro-puces [sous-cutanées. NDT], se sont bien répandues dans la société suédoise. Les transhumanistes individuels et les biohackers peuvent ainsi apparaître dans les médias ou en ligne. Les sujets abordés lors des discussions transhumanistes, tels l’intelligence artificielle, la médecine de la longévité et l’innovation technologique sont vus d’un œil favorable dans de larges parts de la population, surtout si l’on compare avec l’attitude générale du public en Europe. Un part de cette attitude bio-libérale peut être constatée dans la réponse suédoise à la pandémie de Covid-19, la Suède ayant choisie de garder sa société libre de tout confinement.
Le transhumanisme dans la décennie 2020 peut prendre de nombreuses directions, même se renforcer et être mieux accepté. De nouveau, cela dépendra du niveau de ses organisations et de ses promoteurs.
Pour en savoir plus:
PDF de la présentation de Waldemar Ingdahl à TransVision 2019
Le site des transhumanistes suédois: http://manniskaplus.nu/
Le site d’Anders Sandberg : http://www.aleph.se/
Le site de Nick Bostrom : https://www.nickbostrom.com/
Traduction : Cyril Gazengel
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