Nous complexifions le monde plutôt que de nous rendre plus résilients. Comment changer cette situation ?

Introduction et synthèse Le texte ci-dessous est technoprogressiste. Il explique et dénonce des engrenages contre-productifs. Sans eux, nous pourrions être plus proactifs, nous consacrer à notre bien-être et à notre survie à moyen et long terme, individuelle (longévité en bonne santé) et collective

Publié le 14 juin 2025, par dans « AutresQuestion socialeTransition Laborale__Politique et société »

Introduction et synthèse

Le texte ci-dessous est technoprogressiste. Il explique et dénonce des engrenages contre-productifs. Sans eux, nous pourrions être plus proactifs, nous consacrer à notre bien-être et à notre survie à moyen et long terme, individuelle (longévité en bonne santé) et collective (vie dans un environnement durable et diminuant les risques). 

Le temps de travail nécessaire à notre survie à court terme est aujourd’hui réduit à quelques heures par semaine. Nous consacrons le temps gagné de manière gigantesque et croissante à des tâches sans véritable utilité. Les causes et conséquences multiples de cette complexification, de ces complications sont détaillées dans les pages qui suivent.

Toute personne, organisation, nation capable d’être active devrait passer au moins un dixième de son temps à des activités directement utiles à notre bien-être et résilience futurs.

Introduction. Un monde que nous maîtrisons à court terme. Une société que nous complexifions.
Causes principales de complexification
Causes et effets secondaires, mais importants de la complexification
Preuves et descriptions du phénomène
Exemples de complexification
Quelques conséquences négatives générales
Quelques conséquences négatives dans le domaine médical
Il y a cependant des systèmes qui fonctionnent bien malgré la complexité
Conclusions et solutions

Jamais dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons eu accès à tant de connaissances, tant de biens matériels, tant de temps disponible. Ces progrès en termes d’abondance à disposition se poursuivent.

Ceci est possible, car nous vivons dans un monde de plus en plus technologique et automatisé. Ce qui est purement nécessaire à la survie (nourriture, protection des agressions naturelles extérieures) ne représente plus que quelques pourcents de toutes nos activités.

Le reste de nos occupations, pour l’essentiel, représente de la complexification dont nous ne nous rendons même plus compte. Les rapports entre humains se décomposent en des millions de milliards de tâches toujours plus nombreuses selon des millions de « règles » souvent contradictoires générées par des rapports de force, des relations sociales, des mécanismes « boule de neige ». La résolution des contradictions se fait par des rapports de force complexes, souvent par de l’immobilisme et dans le pire des cas par la violence pure (la loi du plus fort).

Depuis très longtemps, certains pensent que les progrès technologiques dégradent le monde et l’humanité. Jusqu’ici, ils avaient tort. Bon an, mal an, le monde s’améliorait, les femmes et les hommes vivaient plus longtemps, nous devenions moins violents, plus cultivés, beaucoup de pollutions diminuaient.

2021 : point de rupture et point de retournement ?

Suite à l’épidémie de Covid dans le monde, pour la première fois depuis 75 ans, depuis la Seconde Guerre mondiale, l’espérance de vie et le bien-être global ont diminué. Pour l’espérance de vie, la situation a été catastrophique, nous ramenant à la situation sanitaire d’il y a 10 ans. Pour la diminution du bien-être, des statistiques sont plus difficiles à établir.

Depuis 2023, l’espérance de vie à la naissance a repris sa croissance. Mais il y a des signes qui incitent à la prudence.

Depuis des décennies, l’accélération des progrès technologiques se découplait progressivement des progrès du bien-être. Nous avions plus de machines, plus de scientifiques, plus d’universitaires, plus de travailleurs qualifiés que jamais dans l’histoire de l’humanité, mais:

  • Le temps de travail ne diminuait plus guère, surtout dans les pays riches, l’informatisation ne simplifiait plus guère l’existence, 
  • Les principes de transparence et de plus grande démocratie ne gagnaient plus guère d’ampleur, notamment face à l’extension de mouvements défendant un individualisme sans partage ou face au retour des autoritarismes.

2021 a donc, selon la présente analyse, marqué plus qu’un point de rupture temporaire, un point de retournement. Le progrès technologique peut maintenant engendrer plus d’effets négatifs que d’effets positifs.

Évidemment, la situation est d’abord due à une maladie nouvelle, le Covid. Mais les moyens technologiques et politiques sans équivalent pour l’arrêter ont été d’une efficacité limitée notamment par les innombrables lenteurs administratives et bureaucratiques, l’incapacité à rassembler des données suffisamment fiables, les montées des méfiances et théories conspirationnistes, les intérêts des grands groupes privés, notamment pharmaceutiques…

Comment nous complexifions la société et le monde plutôt que de l’améliorer

Les causes et les conséquences sont multiples et liées. Le texte ci-dessous synthétise chaque aspect par quelques mots accentués, suivis d’une courte explication. Les causes sont fréquemment aussi des conséquences, elles-mêmes issues de phénomènes nombreux d’entraînements, d’effets collatéraux, de mécanismes de type « boule de neige ».

Causes principales de complexification

Solidarités et affrontements multiples en couches concentriques, successives et diverses (travail, syndicat, famille, sport, religion, politique, géographie, langues…) : de par les progrès techniques, dans un environnement globalisé (et capitaliste de très modéré à très débridé selon les domaines et surtout les régions), le réseau interrelationnel mondial se complexifie. Les solidarités et oppositions multiples sont souvent à de nombreux niveaux concentriques (géographique, professionnelles, convictionnelles…).

La satisfaction des besoins primaires à court terme nous laisse du temps que nous consacrons à des objectifs intermédiaires utiles à notre satisfaction psychologique. En très simplifié, nous nous occupons car nous n’avons plus à travailler pour vivre. Étant donné que nos buts finaux sont désormais assez abstraits et lointains (bonheur, longévité,…), nous nous créons des buts intermédiaires plus concrets et attrayants. Ces objectifs deviennent de facto des objectifs finaux. L’exemple le plus courant est : Le but des membres d’une organisation est (devenu) la défense de l’organisation (et non le but de l’organisation). Que ce soit un parti politique, un club de football ou une association de quartier. Ensuite se créent des buts plus intermédiaires comme réaliser une fête, puis financer la fête et ainsi de suite en cascade.

Désir de dominance, de reconnaissance sociale et lutte contre les oppressions. Les progrès technologiques ne signifient pas des humains parfaits. Le désir de chaque humain de s’affirmer, ne peut être séparé de rapports de dominance. Les relations de pouvoir (capitalisme, groupes dominants…) sont moins violentes physiquement, moins contrastées. En Europe, les écarts sont moindres et peu de citoyens vivent dans la misère. Tous, quel que soit leur groupe, expriment, généralement inconsciemment, des tendances à la dominance, le souhait d’être bien vu, quelle que soit leur place dans la toile toujours plus complexe et plus instable des relations sociales. La vie est un grand théâtre. Ce sont ces désirs de dominance et de visibilité qui sont la cause principale de la consommation ostentatoire (effet Veblen). Il faut consommer des objets, symboles de richesse. Souvent, plus ces objets sont inutiles, générateurs d’efforts, plus ils permettent la dominance.

Bullshit tasks (jobs). Au fur et à mesure de l’augmentation de l’efficience, les humains créent des tâches de plus en plus inutiles en cascade. Le travail effectué a de moins en moins d’effet. L’absence de réduction du temps de travail est à la fois cause et effet de cette situation. Il se produit même une augmentation du temps de travail dans certains cas. Il y a une véritable obsession de l’augmentation de l’emploi censé être un symbole de réussite économique, alors qu’objectivement, c’est la preuve d’une incapacité à augmenter le temps libre et enrichissant. Le travail reste aussi indispensable, via les cotisations sociales, à la protection sociale. Aucun modèle alternatif (de type revenu universel) n’émerge. Comme le travail productif est automatisé, des milliards de tâches de sous-traitance, directions, consultance, surveillance, coordination, administratives, commerciales, publicitaires, d’effets de mode… sont créées. Un objet se vend à cent reprises avant d’être consommé, des entités ayant quasiment le même but se livrent à une concurrence acharnée. En fait, il s’agit d’une expression de la dominance. Pour chaque chef, il y a du prestige à avoir de nombreux travailleurs sous ses ordres et tous les échelons de la hiérarchie travaillent donc à se renforcer.

A noter que les tâches non directement utiles et les activités symboliques ont toujours existé. Elles existent même chez de nombreux animaux (parades nuptiales, rapports de groupe…). Dans certains cas, notamment les activités religieuses et vestimentaires, le temps consacré à ces tâches était même plus important par le passé. Mais le rapport entre le temps nécessaire pour les tâches consacrées à la survie et celui consacré aux tâches sociales a radicalement changé.

La diversité et l’accélération des relations rendent notamment impossible le respect de toutes les règles et la compréhension de l’ensemble. Les législations et règles sociales locales, régionales, nationales, continentales, internationales, familiales, confessionnelles, professionnelles, organisationnelles… régulent les contacts (virtuels) directs de milliards de personnes. Mais elles sont devenues impossibles à suivre. De plus, la complexification du monde entraîne le respect de règles avec de moins en moins de perception de leur signification. La carte des règles représente de moins en moins le territoire des intérêts collectifs.

Les difficultés sont encore accrues par l’absence de hiérarchie des normes admises par tous et les contradictions entre ensembles réglementaires. Les règles ne sont donc respectées que par certains et dans certains cas : habitude sociale, choix conscient ou lorsque le risque de sanction pour non-respect est trop grand. Les ensembles réglementaires respectés varient donc considérablement selon les populations. Ceci est une des causes du point suivant.

Lenteur des procédures judiciaires, parajudiciaires, administratives, bureaucratiques… Dans d’innombrables cas de conflits, litiges, oppositions …, la situation créée fait l’objet de recours aux juridictions, médiateurs, arbitres, instances internes de règlement de conflits…  Ces instances existent à presque tous les niveaux de la vie sociale : tribunaux proprement dits, recours dans les administrations, les entreprises, les associations sportives, religieuses, politiques… L’ensemble des procédures durera souvent des années, voire des décennies, donnera fréquemment des décisions contradictoires et ne s’achèvera que par la lassitude ou l’erreur « technique » d’une partie, souvent la plus honnête donc moins habituée aux procédures. Dans les États démocratiques, les voies de recours ne sont plus jamais totalement épuisées, favorisant plus encore la complexité. Pour l’arriéré judiciaire comme pour les autres arriérés : Plus le temps passe moins il y a perception de l’urgence. Plus le temps passe, plus on s’habitue. En outre, la lenteur ne favorise pas l’efficacité, bien au contraire. Quand les années passent, non seulement la décision perd de son sens, mais les tenants et aboutissants ont été oubliés. Enfin, dans nos sociétés, se mélangent de manière surréaliste, les temps courts du millième de seconde pour des transactions informatiques ou financières, de décisions administratives et politiques engageant des millions de personnes prises en quelques heures, aux années de discussions préparatoires et de procrastinations sur certains sujets et aux décennies de conflits et procédures douloureux.

Dire (communiquer) s’est proportionnellement plus simplifié que faire. Dire a toujours été plus simple que faire. Mais s’exprimer est devenu extraordinairement simple, là où produire est « seulement » devenu simple (et n’est plus que rarement nécessaire à la survie). Cette communication qui se passe essentiellement sous forme informatique est à la fois potentiellement presque indestructible (car reproductible) et fragile (car effaçable). L’impact d’une seule communication réalisée en quelques jours voire en quelques secondes peut aujourd’hui être mondial (naissance du mouvement MeToo, tweet d’Elon Musk, déclaration du président des États-Unis …). Alors que même le plus puissant gouvernement du monde serait incapable par exemple d’imposer aisément à tous ses habitants (et encore moins tous les habitants du monde) de réaliser un acte matériel simple. Et les développements récents de l’IA amplifient ceci. Les logiciels peuvent rédiger des textes, dessiner, coder… aussi bien, voire mieux que des humains. Le meilleur robot du monde équipé de la meilleure IA est bien moins doué qu’un enfant de 5 ans pour servir un verre d’eau ou descendre des escaliers.

Le présent document ne fait d’ailleurs pas exception à ce qu’il souhaite démontrer (sorte de « mise en abyme »). Travailler concrètement à des tâches utiles même simples pour plus de résilience, bien-être et longévité humaine est infiniment plus complexe que de rédiger et diffuser ce texte.

Causes et effets secondaires, mais importants de la complexification

Les catégories qui suivent sont à la fois causes et conséquences de la complexification.

Hyperspécialisation et effets boules de neige.  Les tâches sont de plus en plus morcelées et complexes.  La création de postes et d’organisations entraîne la création de postes et organisations concurrents, complémentaires, sous-traitants, coordinateurs… Un litige ou une indétermination en entraîne d’autres. Au fur et à mesure de la sophistication de la société, il devient de plus en plus complexe de s’adresser à l’organisation, à la personne physique, et même au processus informatique, compétent. Le terme d' »effet-rebond »pourrait aussi être employé. Il est d’abord utilisé pour les accroissements de consommation matérielle suite à des mesures facilitant la production. Mais cela concerne aussi de nombreuses démarches au départ d’accélération qui se complexifient en rebond (plus de vérifications, plus de formalités, plus de temps pour l’électronique que pour le papier…).

La sécurité. Une partie importante des complexifications surtout informatiques s’explique par des questions de sécurité. En ce qui concerne les dispositifs de santé, les précautions sont, bien sûr, indispensables. Ainsi, lors d’une opération chirurgicale, il faut que l’accès aux capteurs et aux données soit maintenu et que les systèmes automatisés fonctionnent. Le problème naît de la multiplication des dispositifs qui se contredisent : empêcher l’intrusion, mais permettre l’arrivée de secours, rendre inaccessible aux personnes non autorisées, mais prévoir des remplacements en cas d’urgence… La multiplication des démarches imposées aux utilisateurs provoque une lassitude (dite « alarm fatigue », formalités non suivies) et des ralentissements fréquents. Enfin, la capacité de blocage de ceux qui veulent atteindre à la sécurité est considérable.


Trop de données et trop de règles pour décider rend toute décision inhabituelle complexe. Le problème est encore plus important dans les pays démocratiques car il est plus exigé de tenir compte des différentes composantes de la population. Chaque groupe tente d’ériger ses règles protectrices ou prédatrices  Le plus simple devient donc de ne pas décider, ce qui signifie à terme complexifier.

Dans le cadre professionnel, cette évolution se marque aussi. La communication avec les travailleurs vise d’abord à une plus grande productivité. Puis cette communication devient un objectif. Ensuite naissent des sous-objectifs comme la création d’un intranet pour une meilleure communication. Et ainsi de suite …

Transparences et opacités. Nous n’avons jamais eu accès à autant d’informations et, simultanément, certaines informations auparavant évidentes ne sont plus accessibles. L’excès d’importance donnée à la vie privée particulièrement en Europe (RGPD…) rend souvent difficile voire impossible l’échange des données et donc le travail efficace et la coordination des activités utiles. L’opacité ainsi créée nuit également à l’égalité et à la vie en commun, chacun.e (personne ou groupe) s’enfermant dans son environnement cloisonné. Accessoirement, le développement des brevets, des droits d’auteur, des sociétés, diminue encore la transparence et les échanges.

Accélérations et innovations. Les modifications technologiques ne remplacent pas toujours, souvent elles complètent. Ceci complexifie par l’ajout de couches notamment de communication. L’écrit ne remplace pas la parole, mais il peut la contredire.

Le récent et médiatisé apparaît urgent ; le banal, ancien et non médiatisé perd de son importance subjective. En d’autres mots, plus le temps passe pour une situation perçue comme à modifier, moins nous nous mobilisons alors même qu’objectivement, la situation ne fait que s’aggraver. Un enfant qui commence à mourir de faim, c’est inacceptable. Si des enfants meurent de faim depuis des mois, nous nous habituons. Ceci se combine avec l’impact médiatique qui naît pour des raisons très variables et avec des effets boule de neige très marqués. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » devient « Selon que vous serez impactant ou ignoré, vous serez gagnant ou perdant ».

Preuves et descriptions du phénomène

Tout comportement qui n’est pas directement nécessaire à la survie apparaît souvent anormal, voire relevant de la folie s’il ne se passe pas dans un cadre précis. Sortir nu dans la rue un jour de chaleur est totalement inacceptable en France alors que porter des vêtements dans un sauna est totalement inacceptable dans certaines circonstances au Japon. Crier dans la rue pour quelque chose d’absolument sans influence matérielle pour soi est considéré comme inapproprié à Bruxelles, mais devient acceptable pour des évènements sportifs. Nous nous comportons donc pour l’essentiel de la vie sociale d’une manière qui apparaîtrait aléatoire, illogique et inconstante « du point de vue de Sirius » (d’un point de vue tout à fait extérieur à l’environnement concerné).

Or, au fur et à mesure que le monde se développe, la part de ces comportements non nécessaires à la subsistance grandit. De plus, ce cadre change de plus en plus rapidement selon les personnes, les moments…  À noter que la combinaison de l’internationalisation et de la facilitation des échanges mène à des évolutions ambivalentes. D’une part, il y a uniformisation. Par exemple, la famille nucléaire et les séries télévisées de style « occidental » s’imposent mondialement dans les faits et dans les médias. Mais en même temps, l’évolution technologique permet une extrême diversification avec des groupements minuscules qui peuvent se développer. Il en va ainsi notamment de mouvements conspirationnistes.

Exemples de complexification

  • Un trajet en avion est composé de beaucoup plus de temps d’attente, de préparation, de formalités avant et après le vol que de temps de déplacement réel. Un trajet en train ou en bus se fait à une vitesse moyenne généralement inférieure à un quart de la vitesse maximale techniquement atteignable. 
  • Si on cumule le temps passé à travailler pour acquérir sa voiture et à payer tous les frais associés avec le temps passé pour se déplacer en voiture en ville, la marche à pied est plus rapide.
  • Un passage à l’hôpital est composé de beaucoup plus de temps d’attente, de formalités administratives, de préparatifs que de temps de traitement et d’administration de soin. Il y a, dans un hôpital américain, environ 10 engagements de personnel administratif pour un engagement de médecin.
  • En Belgique, plus de 90 % du temps de réalisation d’un immeuble est en fait du temps durant lequel personne n’est réellement sur le chantier : procédures d’autorisation, travail seulement à certaines périodes.
  • Malgré qu’une majorité écrasante des citoyens européens se soient prononcés en 2018 en faveur de la suppression du changement d’heure, celle-ci n’est toujours pas effective en 2025. Ceci s’explique notamment par l’absence d’accord sur les modalités de la suppression (heure d’hiver ou heure d’été).
  • Le Moniteur belge (publication des textes officiels en Belgique) est passé en 25 ans de 30 000 pages à 140 000 pages annuelles. Un citoyen qui passerait toute sa vie à lire les textes, jour et nuit, n’y arriverait que de justesse.
  • L’inflation judiciaire est un phénomène mondial. Dans la plupart des pays surtout démocratiques, ceci s’accompagne d’un arriéré judiciaire énorme, créant des incertitudes et traumatismes pendant des années, parfois des décennies.
  • Il faut en moyenne en Belgique en 2022, 5 ans et 9 mois (en Région de Bruxelles-Capitale),  4 ans (en Wallonie) et 3 ans et 8 mois (en Flandre)  pour qu’un permis de construire soit obtenu et purgé de tout recours, c’est-à-dire pour que les travaux puissent démarrer.
  • Nous en savons parfois plus sur le passé que sur le présent. C’est notamment parce que le passé est moins susceptible de protection de la vie privée, de protections d’intérêt, de conflits juridiques, de contestations. Ainsi, la cause et les conséquences de la peste noire sont mieux connues que la cause et les conséquences de l’épidémie de Covid.
  • Il y a un siècle, ouvrir une porte se faisait principalement en utilisant une clef et en actionnant la poignée. Aujourd’hui ouvrir une porte peut se faire physiquement, informatiquement automatiquement (ouverture lorsqu’une personne s’avance) informatiquement par démarche de la personne entrante (code, carte, reconnaissance faciale…), informatiquement par intervention d’un tiers (parlophone, visiophone…). Ceci se fera avec des procédures différentes selon l’heure, les circonstances (par exemple ouverture ou fermeture pour des raisons de sécurité)… En pratique, la probabilité d’ouverture d’une porte par un système informatique est bien inférieure à la probabilité d’ouvrir une porte lorsque l’on est muni d’une clef classique (démagnétisation, modification de système, panne, absence de celui qui doit ouvrir à distance…).
  • Dans les pays avec un système de protection sociale avancée, chaque personne, chaque institution accepte ou refuse les demandes selon des règles et pratiques pour lesquelles une vision globale précise et actualisée est impossible, même aux personnes fournissant les prestations. En Belgique par exemple, l’accès à une prestation dite d’assistance peut être fourni par;
    • des organismes publics fédéraux de sécurité sociale (garantie de ressources aux personnes âgées, prestations aux personnes handicapées adultes,…)
    • des organismes publics municipaux (revenu d’intégration et aide sociale du Centre public d’action sociale, prestations des service sociaux des communes)
    • des organismes régionaux  ou communautaires (prestations aux personnes âgées, prestations aux personnes handicapées autres que fédérale allocations familiales, aides pour l’éducation), 
    • des organismes publics à d’autres niveaux (logements sociaux par des organismes généralement intercommunaux, aides européennes), via des organismes privés à but lucratif (tarif social pour le gaz et l’électricité)…
    • des organismes privés à but non lucratif (banques alimentaires, prestations sociales de mutualités, de syndicats…)
    • l’employeur  de la personne ou d’un membre de sa famille (services sociaux d’entreprise)

Quelques conséquences négatives générales

La durée du travail (non choisi) ne diminue plus
La durée de vie (en bonne santé) n’augmente plus guère
La facilitation des communications ne fait plus progresser les connaissances communes, voire les fait régresser

La complexité favorise probablement les théories du complot
La complexité favorise l’immobilisme

La complexité diminue la sécurité 

La complexité diminue l’équité

Nous nous mobilisons et énervons pour des questions aux enjeux réels minuscules (l’auteur de ces lignes y compris) bien plus que pour les enjeux de résilience, longévité et maîtrise des risques collectifs 

Quelques conséquences négatives dans le domaine médical

La « bureaucratie » est un frein immense à la santé. Par bureaucratie, il faut entendre toutes les dispositions juridiques, administratives, organisationnelles qui dans le secteur public comme dans le secteur privé complexifient toute action. Aujourd’hui, le travail dans le domaine de la santé, et particulièrement celui de la recherche, est composé pour une part énorme d’administration, de formalités pour des raisons sociales, de sécurité, de profit, de complexité juridique…

Dans un monde comptant plus de chercheurs, plus d’instruments de mesure, plus de facilités de communication que jamais dans l’histoire de l’humanité, cette difficulté s’amplifie.

Un peu comme le processus de formation d’une huître ou encore un peu comme le développement d’une inflammation dans un organisme, chaque « couche », chaque apport en suscite d’autres. Une procédure d’autorisation suscite des documents qui doivent être classés, vérifiés, protégés contre les intrusions, par des systèmes informatiques et des personnes et avec des procédures qui doivent à leur tour être vérifiées, classées, protégées contre les intrusions et ainsi de suite. Même dans un hôpital, même dans une institution de recherche, la grande majorité du travail accompli est du travail organisationnel et non de fond. Ainsi, dans les hôpitaux  américains, pour 17 emplois, il y a un seul médecin, 6 travailleurs du domaine médical (infirmiers…) et 10 travailleurs qui se consacrent presque exclusivement à des tâches totalement non médicales.

Il y a cependant des systèmes qui fonctionnent bien malgré la complexité.

Les avions ne se percutent pas en plein ciel, les feux de signalisation ne deviennent pas verts simultanément, les armes nucléaires ne sont pas utilisées par erreur.… Dans bien des cas où il s’agit d’une question de vie ou de mort à court terme, la technologie a permis des simplifications remarquables. Pour ce qui concerne l’usage des armes nucléaires, c’est presque un miracle que nous ayons réussi à éviter pendant plus de 70 ans toute utilisation belliciste d’arme nucléaire par erreur ou effet d’entraînement. Pour ce qui est des avions qui ne se percutent (quasiment) jamais, c’est la démonstration que les humains sont capables de réaliser des organisations extrêmement compliquées avec des couches de sécurité qui se complètent, sans se contredire.

Dans de nombreux pays dont la Belgique et la France, la fourniture d’électricité, l’éclairage public, la distribution d’eau courante et de gaz de ville fonctionnent avec très peu d’interruptions et d’accidents, malgré les nombreuses contraintes technologiques, d’approvisionnement et de sécurité.

Utilisation des smartphones, d’internet et de nombreuses applications informatiques: Dans la plupart des pays « riches », les pannes dans les zones de couverture du réseau sont peu nombreuses malgré la technologie sophistiquée utilisée. Les applications les plus courantes sont efficaces.

Conclusions et solutions

Nous nous posons peu de questions concernant la complexification du monde, sa sophistication inutile. Ce n’est qu’en cas de menace ou de catastrophe perçue comme grave et imminente que nous nous mobilisons pour des objectifs plus concrets et plus essentiels.

Nous sommes donc actuellement incapables de nous mobiliser largement pour les objectifs qui apparaissent éloignés. Il s’agit, « côté positif », des phénoménaux progrès de santé, de longévité et de bien-être envisageables grâce aux progrès technologiques et, « côté négatif », des gigantesques risques qui se posent à l’humanité par les destructions environnementales, l’armement nucléaire et issues d’autres technologies et les progressions technologiques qui pourraient nous détruire, dont l’intelligence artificielle inamicale.

La principale modification de comportement devrait être : se concentrer sur les objectifs de résilience à long terme. Les questions de vie ou de mort doivent primer toutes les complexifications. Il s’agit d’une obligation fondamentale de solidarité : à l’égard de nous-même et des autres humains d’aujourd’hui et de demain.

Et pour simplifier, voici quelques pistes induisant des « cercles vertueux »

Créer partout des délais de rigueur. Une décision quelle qu’elle soit doit intervenir dans certains délais. Le responsable du retard encourt des conséquences croissant avec le temps perdu.

Avoir une obligation de répondre dès que possible aux demandes légitimes de son prochain (quitte à transmettre la demande à plus avisé)

La technologie administrative et entrepreneuriale vise à faciliter le travail et à automatiser les démarches. Elle ne peut faire croître le temps nécessaire aux formalités. Si ce temps apparaît en augmentation, la charge doit être portée par les créateurs de la technologie.

Une réduction (radicale, généralisée et progressive) du temps de travail avec octroi d’un revenu universel (financé par les gains de productivité dont ceux permis par l’automatisation ou rendus possibles par la simplification).

Réduire le plus possible par des méthodes scientifiques et pratiques nos tendances à la dominance.

Lorsque la discussion aboutit à une conclusion, l’appliquer sans attendre! Le mieux est l’ennemi du bien notamment parce qu’il est l’allié de la lenteur et de la procrastination.

Restons en contact

Vice-président de l’AFT-Technoprog Je me définis comme un activiste du social essayant de promouvoir l’égalité et la solidarité à tous les niveaux notamment grâce aux progrès technologiques utiles qui nous permettent de vivre mieux, plus longtemps et d’échanger de plus en plus de connaissances. En savoir plus