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Huitième entretien avec l'un de nos membres, pour découvrir la grande variété des transhumanistes francophones. Cette semaine, François.
Publié le 29 avril 2022, par dans « transhumanisme »
Peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle François. Je suis administrateur système Unix et réseau. Je suis né en 1964. J’ai commencé l’informatique quand j’étais en classe de 2nde avec une calculatrice programmable. Je faisais aussi de l’électronique numérique. J’étais aussi passionné de science fiction et un fan de Isaac Asimov et surtout de Robert A. Heinlein. Chez Heinlein, j’ai beaucoup aimé la série de romans qui parlent de vie éternelle technologique comme « Time Enough For Love » (TEFL) et relatant la vie du personnage fictif Lazarus Long qui est amortel grâce à des technologies médicales de rajeunissement.
Comment as-tu connu le transhumanisme, ou les thèmes principaux du transhumanisme ?
J’ai eu connaissance de toutes ces idées, à partir de 1980, par les auteurs de SF américains quand j’ai appris l’anglais. Je lisais beaucoup de SF pour acquérir du vocabulaire et aussi parce que je trouvais ces histoires palpitantes. Par la suite, j’ai lu sur les forums de Usenet (alt). Je me suis intéressé à la cryonie (Alcor), bien que ma conviction actuelle soit le scepticisme sur ce plan. En fait, toutes ces idées ne sont pas nouvelles.
Quel a été le déclic pour adhérer à l’AFT-Technoprog ?
J’ai trouvé que les idées de l’AFT-Technoprog étaient très proches des miennes et que je n’avais pas de point de désaccord majeur avec l’association. Je voulais pouvoir être en contact avec d’autres personnes partageant mes convictions et mes espoirs et aussi avoir une source d’information fiable sur ce sujet. Je voulais aussi être confronté à des personnes ayant des idées différentes des miennes, tout en étant globalement dans le même état d’esprit.
Comment vois-tu l’avenir à court terme (10 prochaines années), moyen (50 prochaines années) et long termes (2100, 2200) ?
A court terme, j’espère que le libéralisme aux Etats Unis va permettre le démarrage de startups dans le domaine de l’allongement de la vie.
Je constate avec une certaine amertume que dans le domaine spatial l’homme n’est pas retourné sur la lune depuis les années 1970 alors qu’à l’époque il aurait été possible de créer une base lunaire et de faire des progrès importants. Alors, il ne faut pas compter tellement sur les politiques mises en place par les États pour faire progresser la science. Étant donné que plusieurs milliardaires de la nouvelle économie ont fait plus en 20 ans dans le domaine spatial (SpaceX) que la NASA ou l’ESA en 50 ans, et que ces milliardaires s’intéressent aussi à l’allongement de la vie, il pourrait en sortir quelque chose sur le plan de l’allongement de la durée de la vie.
A l’horizon de 50 ans, j’espère qu’il y aura des progrès décisifs pour l’allongement de la vie, voir la possibilité d’amortalité. Il y aura probablement aussi des avancées notables sur les interfaces « homme-machine » (interface directe entre ordinateur et cerveau humain). Je suppose que ce sera pour la génération de mon fils qui est né en 2014. Si l’amortalité devient réalité, il y aura des changements et bouleversements radicaux dans l’organisation sociale. Pour moi, à échéance de 30 ans, le taux de fécondité devrait chuter radicalement avec l’augmentation de l’éducation des jeunes filles. Il devrait s’en suivre une diminution de la population mondiale qui serait contrebalancée par l’amortalité. La question est de savoir si les technologies biologiques d’amortalité seront accessibles à tous, ou seulement à la classe moyenne supérieure, ou à la classe dirigeante.
A échéance de 2100 ou 2200, les voyages spatiaux vers d’autres systèmes solaires seront peut être possibles grâce à l’amortalité, l’hibernation (avec des progrès dès à présent), l’incubateur artificiel pour les humains et l’enseignement robotisé (faire naître un humain à destination à partir d’un embryon congelé et assurer son éducation). On peut aussi imaginer que la conscience humaine pourra techniquement être transférée dans un ordinateur, bien après l’arrivée de l’amortalité. L’amortalité me semble plus facile à acquérir qu’un transfert de conscience vers un ordinateur, car elle nécessite la compréhension de moins de domaines de la biologie. Il est probable que les humains préféreront conserver leur enveloppe charnelle pour garder leur part « animale » avec la sexualité, le plaisir, la douleur, l’effort physique, le ressenti du corps, la gastronomie, la finitude de leur intelligence, etc.
Quel est le domaine qui te semble le plus important, ou qui t’intéresse le plus, dans le transhumanisme ?
Le domaine qui m’intéresse le plus est l’amortalité. Le domaine le plus important est peut être la compréhension avancée du fonctionnement du cerveau (par exemple, qu’est ce que la conscience au niveau biologique ?).
Mes autres centres d’intérêt transhumanistes sont :
– les bouleversements de société lié à l’amortalité
– l’interface directe homme ordinateur.
– les bouleversements sur le plan des relations humaines (amour, sexualité, emploi, relations économiques) liés aux nouvelles technologies comme l’internet, les smartphones, les communications électroniques entre humains.
– les vaccins
– les prothèses connectées au cerveau humain
– le dialogue en langue naturelle par les ordinateurs, branche de l’IA (Natural Language Processing = NLP). Ce domaine a connu des avancées étonnantes sur les deux dernières années après presque 30 ans de stagnation.
Pour finir, quels sont tes centres d’intérêt hors transhumanisme ?
– littérature
– poésie
– cybersécurité
Quelle image choisirais-tu pour illustrer cet interview, et pourquoi ?
J’ai choisi cette image car elle est représentative du transhumanisme et donc de l’humanité à plusieurs niveaux :
– replacer l’humanité dans son contexte : quelque chose d’incroyablement et infiniment petit et fragile, même au niveau du système solaire seulement.
– la perspective des voyages galactiques par la transformation de la destinée humaine par les humains eux-mêmes
– la démonstration de l’avancée des progrès de l’humanité par la capacité d’avoir pu prendre cette photo (pourtant avec des équipements datant de plusieurs lustres : sonde Voyager 1 lancée en… 1977 !)
Pour moi, cette photo est la promesse du futur de l’humanité, si nous arrivons à survivre à nos propres turpitudes : autodestruction nucléaire (guerre ou production d’énergie), pandémies, échecs politiques d’organisation de la société, pollution de la seule planète que nous habitons pour le moment, etc.
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