Terrorismes, millénarismes, résurrections et athéismes
Avertissement: ce texte concerne d'abord les dangers dus aux croyances de résurrection et aux idées apocalyptiques de terroristes religieux islamistes (et potentiellement chrétiens ou d'autres religions). Ce risque s'inscrit dans un contexte de moyens de destruction humaine de plus en plus accessibles suite aux progrès technologiques.
Publié le 13 février 2017, par dans « Risques »
Les opinions exprimées ci-dessous ne contredisent pas une volonté de dialogue ouvert à celles et ceux qui pratiquent des religions prônant la recherche d’un monde meilleur dans « l’au-delà » mais aussi ici et maintenant. Ces personnes soucieuses du bien public collectif forment l’immense majorité des croyants.
Dans le cadre des « rencontres capitales » de l’académie des sciences à propos du progrès les 28 et 29 novembre 2016, il y avait un débat intitulé « Quel progrès imaginer pour plus de démocratie et de tolérance. » En fait, ce débat concernait presque uniquement le terrorisme islamiste en France et ses traitements sans utiliser le terme et sans aborder les questions des millénarismes et des croyances en la vie après la mort.
Or, nous ne pouvons que partiellement comprendre pourquoi des hommes et quelques femmes se sacrifient dans la joie sans percevoir deux convictions religieuses fondamentales :
- La fin biologique pour un croyant n’est pas la fin de l’existence. Autrement dit, la fin physique n’est pas la fin de la vie. L’être humain est le seul animal à avoir conscience de l’inéluctabilité de la mort. La plupart des citoyens devant cette perspective insoutenable envisagent un après religieux. Pour l’immense majorité des êtres humains, tout se passe cependant comme si cet après était une perspective incertaine ou en tout cas dont il ne convient pas d’accélérer la venue ni pour soi ni pour les autres. Mais pour certains dont les terroristes religieux, le passage dans l’au-delà est une perspective bien plus proche, souhaitable et porteuse d’espoirs forts de résurrection paradisiaque.
- Pour un nombre important de croyants, la perspective d’une vie radicalement différente pourrait concerner tous les humains en une période très courte et dans peu de temps. Il s’agit de convictions dites millénaristes (de type « fin des temps »). Selon les environnements religieux, les interprétations varient. Chez un nombre peu important mais non négligeable de personnes, les bouleversements peuvent être accélérés par les actions des croyants eux-mêmes. Pour donner un exemple concret, pour certains millénaristes tant chrétiens que musulmans, un cataclysme nucléaire provoqué pourrait être une excellente nouvelle annonciatrice de la fin des temps.
Des risques énormes sont posés par des êtres humains considérant que leur vie « dans ce monde » et la vie de leurs familles, amis et ennemis ainsi que l’existence de nos sociétés est moins importante que ce qui pourrait suivre leur destruction. Ces risques croissent du fait des progressions technologiques rendant les violences et destructions importantes et facilement accessibles pour n’importe qui y compris à des échelles sans équivalent historique.
Il y a d’innombrables moyens sociaux, politiques, économiques, psychologiques, culturels, cultuels,… pour tenter de diminuer ces risques. Il est utile de permettre l’expression de convictions agnostiques montrant que ces croyances religieuses sont dépassées, en voie d’extinction, irréalistes, improbables, se contredisant les unes les autres et deviennent chaque jour plus invraisemblables en fonction de l’élargissement de nos connaissances. C’est un moyen très efficace pour réduire le risque de violence religieuse. Chaque personne tentée par le terrorisme qui perd la foi, devrait perdre en même temps le goût de l’autodestruction physique.
Pour cette raison, il est très important de ne pas renoncer à notre libre expression. Chaque manifestation culturelle supprimée par la peur du terrorisme, chaque film déprogrammé, chaque acte d’autocensure est une victoire de la barbarie. Au contraire, les technoprogressistes rejoignent ceux qui veulent porter haut les valeurs humanistes de la laïcité.
Il est également nécessaire de se redonner les moyens de développer une Éducation nationale qui soit un véritable vecteur d’épanouissement. Les systèmes d’Éducation nationale de tous pays, laissant à l’entrée les prosélytismes religieux, peuvent être le meilleur des moyens de promouvoir une approche plus apaisée du monde.
Enfin, en bout de chaîne, il est très important que nos sociétés réalisent la promesse d’intégration sociale et économique de toutes ses composantes. Tant que nos prétentions démocratiques et égalitaristes seront contredites dans la réalité par l’exclusion et la ségrégation, tant également que des différences énormes de niveau de vie existeront selon le pays de résidence, nous donnerons des gages aux obscurantismes qui justifieront l’autoritarisme jusqu’à la terreur.
Le travail en faveur de l’athéisme, de la liberté de quitter une religion comprend implicitement l’affirmation que la vie humaine sur cette planète est notre bien le plus précieux, la condition de l’exercice de tous les droits dont nous sommes certains de disposer, infiniment plus important qu’un hypothétique au-delà. Cette vie humaine a de plus en plus de valeur au fur et à mesure qu’elle s’allonge et au fur et à mesure que l’existence des êtres surnaturels, en tout cas ceux décrits dans la Bible, le Coran et les autres écrits religieux anciens deviennent improbables.
L’extrémisme idéologique allant jusqu’au terrorisme, quitte à donner sa vie “pour la cause”, n’est pas l’apanage des religions. Du terrorisme non religieux a existé dans le passé (par exemple des anarchistes à la fin du 19è siècle). Néanmoins, il existe une différence entre une pensée rationaliste, laquelle repose sur un empirisme scientifique universel et la croyance en une vie éternelle au-delà de la mort dont l’obscurantisme de certaines interprétations peut justifier l’inhumain.
Néanmoins, l’objectif de rendre la vie humaine plus précieuse et résiliente peut aussi être atteint en soutenant toutes les convictions religieuses favorisant une vie humaine meilleure « ici-bas ». Fort heureusement, ces convictions religieuses positives que certains appelleront « sécularisées » prennent de l’ampleur aujourd’hui.
Les religions contemporaines dans leurs aspects les plus traditionalistes perdent globalement du terrain, mais certains religieux ont une attitude de plus en plus favorable à la violence. Tout ce qui diminue les croyances religieuses destructrices est bon pour la société dans son ensemble, notamment pour les croyants, premières victimes réelles et potentielles des auteurs de violences religieuses.
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