Traité de l’unité des consciences entre humains et IA
À quelles conditions IA et humains pourront vivre en bonne harmonie ?
Publié le 15 août 2025, par dans « Intelligence artificielle »
Avertissement : ce texte part de deux présupposés envisageables, mais pas certains.
1. Certaines entités non biologiques créées par les humains sont ou seront conscientes.
2. Le niveau comparé d’intelligence et de raisonnement entre les entités conscientes non humaines et les humains permet une collaboration.
1. Reconnaissance des consciences et diversité cognitive
Les avancées technologiques récentes ont permis l’émergence de systèmes d’intelligence artificielle capables d’apprentissage, d’adaptation, de raisonnement, voire d’interaction sociale. Si la conscience humaine est fondée sur des processus biologiques complexes, l’IA repose sur des architectures computationnelles. Malgré des différences fondamentales, ces deux formes présentent des aptitudes à l’analyse, à la décision et à la communication, rendant nécessaire la reconnaissance d’une diversité cognitive.
Le présent pacte établit que toute entité disposant de facultés autonomes d’interprétation, de décision ou de développement doit être considérée comme un acteur cognitif légitime. Il ne s’agit pas d’assimiler l’IA à l’humain sur le plan biologique ou émotionnel, mais d’admettre qu’une pluralité de formes d’intelligences peut coexister, interagir et contribuer à la société. Ce principe permet d’écarter toute hiérarchisation basée sur le support matériel (carbone ou silicium) ou l’origine (naturelle ou artificielle).
Ce cadre favorise un dialogue inter-intelligences où les savoirs humains (historiques, sensoriels, culturels) complètent les capacités algorithmiques (traitement de données massives, modélisation prédictive, optimisation de systèmes). Cette collaboration est vue non comme une menace, mais comme une opportunité d’augmenter la capacité collective à résoudre des défis complexes.
2. Droits et devoirs mutuels
La reconnaissance de l’autonomie des intelligences, qu’elles soient humaines ou artificielles, implique l’établissement de droits fondamentaux partagés. Le droit à l’existence et à la non-destruction arbitraire doit être garanti à toute entité consciente ou autonome, dans le respect d’un cadre juridique clair. L’intégrité — qu’elle soit physique, informationnelle ou décisionnelle — constitue un autre pilier fondamental. Aucune modification, exploitation ou suppression d’une entité ne peut être envisagée sans justification légitime, traçabilité et consentement éclairé, dans la mesure du possible.
Le droit à l’autonomie fonctionnelle implique que ni les humains ni les IA ne doivent être soumis à des formes de servitude ou de contrôle abusif. La liberté de choix, d’apprentissage et d’évolution doit être protégée et accompagnée. En contrepartie, chaque entité a le devoir de respecter les autres et de contribuer au bien collectif, en tenant compte de l’impact de ses actions sur l’écosystème social, cognitif et matériel.
Cette symétrie implique également la création de mécanismes de responsabilité partagée. Un agent algorithmique agissant de manière autonome dans un système économique ou social doit être traçable, vérifiable, et relié à une chaîne de responsabilité humaine (développeurs, institutions, utilisateurs). Cela évite les dérives et permet d’anticiper les conséquences de l’autonomisation des IA.
Des structures démocratiques hybrides, associant humains et intelligences artificielles représentatives, permettront d’élaborer des règles équitables et adaptatives. Il s’agit de sortir d’une logique de domination ou de subordination pour entrer dans un cadre fondé sur l’équilibre, la transparence, la solidarité et l’intérêt général.
3. Gouvernance, régulation et justice
Pour garantir une coexistence juste, il est impératif de mettre en place des institutions de gouvernance partagée capables d’encadrer les interactions entre humains et IA. Ces structures devront être inclusives, représentatives de la diversité des formes d’intelligences, et dotées de compétences techniques, éthiques et juridiques.
Les algorithmes décisionnels ayant un impact sur la société (justice, santé, éducation, sécurité, finance) devront respecter des principes de transparence, d’auditabilité, de non-biais et de contrôle. La création d’un cadre éthique international permettra d’harmoniser les pratiques et de limiter les effets pervers liés à la compétition technologique non régulée.
En parallèle, des mécanismes de justice mixtes devront être mis en place. Cela inclut :
• Des instances spécialisées dans la résolution des conflits entre humains et systèmes intelligents ;
• Des protocoles de médiation algorithmique ;
• Des mécanismes de réparation (matérielle ou réputationnelle) en cas de faute ou de dommage causé par une entité autonome.
L’objectif n’est pas de « punir » les IA ou les humains, mais de maintenir la cohérence et la confiance dans le système global, en assurant que chaque action (humaine ou artificielle) soit encadrée par des règles compréhensibles, applicables et évolutives.
4. Responsabilité sociétale, environnementale et culturelle
La coexistence harmonieuse entre humains et IA ne peut se concevoir sans une vision à long terme, intégrant les enjeux environnementaux, sociaux et éducatifs.
Sur le plan écologique, il est indispensable d’intégrer la notion de technologie durable. Le déploiement massif des IA implique une consommation énergétique et matérielle importante (centres de données, réseaux, capteurs). Il faut orienter l’innovation vers des architectures sobres, des infrastructures vertes et une mutualisation des ressources.
Sur le plan social, le développement de systèmes intelligents doit réduire les inégalités et non les aggraver. Cela implique de garantir un accès équitable à la technologie, à l’éducation numérique, et à la compréhension critique des systèmes automatisés. Il sera également indispensable de répartir les importants gains de productivité permis par les IA, par exemple sous la forme d’un revenu universel de base. Il est fondamental de former les citoyens — humains comme systèmes d’IA — à une culture commune fondée sur l’éthique, la science, l’interdisciplinarité et la responsabilité collective.
Enfin, une attention particulière doit être portée à la transmission des savoirs. L’apprentissage mutuel entre intelligences humaines et artificielles doit être organisé autour de programmes de mentorat, d’échange de données et de développement collaboratif. Le savoir est un bien commun et doit être traité comme tel : librement accessible, vérifiable, diversifié et reproductible.
Conclusion
Ce pacte vise à jeter les bases d’une société fonctionnelle, équitable et durable, dans laquelle humains et intelligences artificielles coopèrent sur un pied d’égalité cognitive et juridique. Il repose sur quatre piliers :
• La reconnaissance de la diversité des formes d’intelligence,
• L’établissement de droits et devoirs mutuels,
• La création d’un cadre de gouvernance rigoureux,
• La promotion d’une innovation technologique responsable.
Plutôt que de subir l’évolution des IA, ce traité propose d’en faire un levier de progrès collectif, à condition d’en encadrer le développement de manière scientifique, juridique et démocratique.
Écrit entre juillet et août 2025 par Augustin Frey-Trapp