Notes de lecture : Robots Will Steal Your Job, But That's OK

Robots Will Steal Your Job, But That’s OK: how to survive the economic collapse and be happy Frederico Pistono   Frederico Pistono, auto-entrepreneur et intervenant dans les conférences TED, s’attaque à son tour dans cet ouvrage à l’un des problèmes les plus sensibles du début de l’ère NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Intelligence artificielle et sciences Cognitives)... [lire la suite]

Publié le 30 juin 2013, par dans « transhumanisme »

Robots Will Steal Your Job, But That’s OK:

how to survive the economic collapse and be happy

Frederico Pistono

 

Frederico Pistono, auto-entrepreneur et intervenant dans les conférences TED, s’attaque à son tour dans cet ouvrage à l’un des problèmes les plus sensibles du début de l’ère NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Intelligence artificielle et sciences Cognitives) : la baisse du besoin de main d’oeuvre par l’arrivée de l’automatisation à grande échelle. Il s’inscrit dès le départ dans la droite ligne de Race against the machine de Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee ; mais il annonce sa volonté d’approfondir l’analyse ainsi que la proposition de solutions.

 

Côté analyse, le contrat est rempli. En effet, s’appuyant sur l’essai de Brynjolfsson et McAfee, et citant certaines analyses de Ray Kurzweil, Pistono illustre avec une acuité terrifiante l’impact profond que l’automatisation à outrance va avoir sur nos sociétés si les progrès techniques se poursuivent. Il va même jusqu’à démontrer qu’aucune couche socio-économique ne sera épargnée même si le phénomène devrait toucher avec plus de dureté ceux en bas de l’échelle sociale. Pour cela, il se base sur des évolutions de pouvoir d’achat en répartissant la population active américaine en cinq couches ventilées par tranches de revenus. Car cet essai concerne surtout le marché du travail US, mais comme Pistono le dit lui-même : son analyse peut s’appliquer à tout pays développé, les Etats-Unis servant juste ici d’exemple illustratif d’autant plus fort qu’il s’agit de la première économie mondiale.

 

Côté solutions, c’est moins clair, démontrant par-là que cette problématique est loin d’être triviale. Comme ses prédécesseurs, Pistono échoue en partie à réellement présenter une solution novatrice ; mais l’essai est louable et intéressant. En effet, ce que propose l’auteur s’apparente à un mix entre les pistes abordées par Race against the machine et les zélotes de la décroissance. Pas vraiment révolutionnaire, mais intéressant. En bref ! Du fait de sa  culture de naissance européenne (il est Italien), mais par son fort ancrage dans sa culture américaine d’adoption, Pistono nous livre là une sorte de syncrétisme entre les visions des deux bords de l’Atlantique : entre l’excès d’optimisme et l’utilitarisme technologique US et l’humanisme et la pensée écologique européenne. En conséquence, un parti-pris intéressant sous-tend cet ouvrage : éludant toute  proposition de solution pratique, Pistono se concentre plutôt sur ce qui définit la réussite sociale dans nos sociétés. Carriérisme et revenus sont le Graal de nos cultures industrielles et consuméristes au point de faire du chômage une tragédie ; cet idéal est mis à mal par la raréfaction des postes issue de l’automatisation excessive. Il nous faudra donc trouver de nouveaux objectifs de vie. L’auteur en propose quelques pistes : développement personnel par acquisition de savoirs par exemple, enrichissement du lien social, investissement caritatif, épanouissement à travers la créativité et l’invention… et malgré l’a-priori simpliste de tels principes, la démonstration qu’il déploit témoigne d’une réflexion bien plus aboutie qu’il n’y parait et qui mériterait d’être approfondie.

 

Cet ouvrage n’est qu’un petit pas mais un pas nécessaire vers une prise en compte de l’automatisation grandissante et de l’impérieuse nécessité de changement sociétal qu’elle va imposer. Et là, Pistono a probablement vu juste : c’est notre vision de la réussite sociale et les valeurs associées que nous devrons revoir en profondeur sous peine d’échouer.

Cyril Gazengel